Mercredi 30 mars 11.

 [Mon adoré]

Je me dis ce soir qu'il était quand même balaise comme petit copain Jan.
Il y a des soirs comme ça où je n'arrive plus à rien faire parce que j'ai comme un million de sanglots coincés dans le corps. Coincés, parce que c'est comme si ça tremblait à l'intérieur. Et pourtant j'essaie. En sortant du stage, le plus jeune juriste m'a proposé un verre, j'ai traîné un peu trop longtemps. Et en repartant, en passant devant un bel hôtel, il m'a proposé d'y passer la nuit. J'ai bien pensé un moment que j'allais accepté pour le bain brûlant et les petits savons miniatures. Et peut-être même le peignoir. Mais j'ai refusé, à cause de l'examen d'anglais finalement. Pas à cause de Jan. Et ce soir, quand je me retrouve ici, chez moi, lorsque je ne ressemble plus à l'imposture que j'étais quand je jouais bien plus que le juriste ne jouait, quand je me retrouve seule face à lui, face à mon adorable amoureux. Il ne répond plus et je ne cesse de manquer de ces nuits et de la disponibilité de son corps. Celle qui écoutait ce que j'aimais, et celle qui me laissait le savourer et le susurrer encore.

Il parait si impossible que nous ne nous adorions plus jamais. Cela me parait improbable parce que tout roulait. Facilement. Et puis ces cheveux longs que je regrette de plus en plus.

Je crois que c'est la première histoire que je vis comme ça, seulement à deux. Sans personne d'autre que nos peaux qui se frôlent, et se frottent, et se désirent à l'infini. Au fond non, je n'en souffrais pas tant que ça du manque de ses amis. Putain, je pleure tu vois. C'était pas la bonne solution de ne pas prendre le temps d'y penser. Aujourd'hui je morfle et je n'arrive pas à décrire. Je n'arrive à rien. J'veux parler de tous ces sourires quand on zonait dans mon 22m². Quand tout était normal, tous les deux dedans. J'veux parler tout bas aussi des caprices que j'osais parfois t'imposer, avant de me rétracter et me pendre à ton cou.

J'veux juste savoir si t'arrivais.