J'm'en fous que tu m'lises plus, j'm'en fous que tu trouves ça merdique si jamais tu reviens lire, j'm'en fous que tu trouves ça mielleux, vide et répétitif.  J'm'en fous parce que c'est pas là que j'écris vraiment en ce moment. Y'a une histoire de roman à quatre mains qui nous tient depuis le tout début de mai, ou la toute fin avril - depuis mon anniversaire en fait - qui nous tient en haleine et en laisse, comme le désir d'être ensemble tient deux amoureux. J'm'en fous. J'm'en fous parce qu'il y a un an je n'étais pas riche de toutes ces jolies choses qui me sont arrivées depuis. En fait non, ce sont des jolies choses que rudement j’ai provoqué. Et j'ai réussi, à enchaîner les stages, à valider mes deux Master 1, à prendre une sérieuse décision pour le Conservatoire, à me remettre à Danser, à me donner à quelqu'un. Et même si je n'étais pas vraiment amoureuse, qu'est-ce que ça fait hein? Lui me donnait une image de moi, une écoute, un renvoi, … Quelque chose.

Tu vois, c’était il y a à peu près un an. Je n’en ai pas parlé parce que je l’ai fait comme quand on plonge la tête sous l’eau, exprès pour se cacher d’un moment. J’ai plongé, j’me suis immergée, j’ai fermé les yeux en attendant que ça passe. Et puis au réveil, j’étais dans ton lit. Et je voulais rentrer je crois. Peut-être même avant. J’t’en veux pas. Si je devais en vouloir à quelqu’un ce serait plus à moi. Et puis je n’ai pas aimé la ville. Cette sensation d’être emprisonné dans un énorme trou, les montagnes qui refusent un quelconque horizon. A dire vrai, je n’ai aimé que les maisons de poupées de toutes les couleurs dans le fond du centre ville. Je sais, je ne l’ai pas comprise ta ville Julien.

Aujourd’hui j’me regarde, et je vois la deuxième partie de 2010 comme un aboutissement à part entière. Mais 2011 ne fait que commencer et la boule de stress envahit déjà tout mon corps : la grande école, l’anglais indescriptible, et cet attendu Mais qu’est-ce que je vais bien faire de ma vie ? Après-demain, le nouveau Klapisch sort et je ne suis toujours pas foutu d’être sûre du « c » après le « s ». Il sort, et le 20 février de l’année 2008, j’avais réussi à choper une avant-première pour le voir. Je l’avais vu en bas des escaliers en sortant des toilettes, et il avait accepté une photo avec nous – la photo qui me regarde toutes les nuits. Tu m’avais appelé pour parler du film. Et je pense que cette semaine, ça n’arrivera pas. Plus. J’connais bien tes histoires de poupées russes – elles vivent dans les maisons colorées du fond de la ville d’ailleurs -, et j’connais aussi tes histoires de Xavier et celle d’avion qui décolle. Et puis, après tout, non, on l’sait, c’est jamais une histoire d’avion qui décolle.
J’me rappelle qu’au départ, tu avais ramené Le Péril à Paris, j’avais regardé dans mon lit et tu t’étais endormi, dans mon lit. Ca me semble loin tout ça, loin de moi et de ce que je fabrique comme vie maintenant. Mais je suis toujours le gamin qui veut écrire des livres.

C’était pas très malin de venir te voir comme ça. Mais j’peux pas revenir dessus. Et je ne sais même pas si j’en aurais envie. Je ne me pose pas la question. Je sais juste que je n’y pense pas ou m’en empêche parfois. Il me reste quelques sensations, mais je n’ai rien noté. Alors, il en restera de moins en moins. Et de ça, je ne sais pas si je dois m’en foutre.