Samedi 18 décembre 2010.

Je porte le T-shirt que tu portais hier soir lorsque tu es arrivé dans mon appart de Bastille pour cette dernière nuit avant Noël - ce T-shirt que j'ai voulu gardé ce matin au réveil, enfin ton réveil, pour sentir ton odeur j'ai dit en riant, lorsque je serai chez mes parents. Oui je ne dis plus chez moi désormais. Et je me souviens du sweat qu'Antoine m'avait prêté pour la semaine de BAFA, et qu'il m'avait donné après. Réflex de 17 ans le T-shirt de son mec. On est samedi soir, j'ai acheté un chocolat blanc praliné que j'adore, comme je t'adore, et je bois du thé à la bergamote qui ressemble étrangement à celui du Café de Flore avec toi. Je cherche une manière de t’appeler ici, mais je ne trouve pas. C’est étrange, j’avais pensé à Jan. Le dernier truc d'amoureux qu'on ait fait il y a environ trois semaines. Le dernier parce qu'on n'a pas le temps, et que tu ne le prends pas. Je te sens un peu dépassé par ta vie parfois et par les travaux que tu dois rendre, les obligations familiales et autres absurdités occidentales. C'est un peu compliqué pour moi de gérer les petits sms de bonne nuit si on ne renouvelle pas les après-midis à deux. Mais ça n'est pas grave, pour l'instant je suis bien. Et cela fait deux mois. Ce n'est pas que je compte au jour le jour. Mais je crois que ça a commencé le samedi 16 octobre. Alors, deux mois, c'est à partir de quand, dis moi? Aujourd'hui, samedi 18? Ou c'était jeudi 16 décembre? Tu vois, je suis perdue.

Et je dois bien avouer que je suis encore plus perdue quand je pense au nouveau stagiaire de la rédaction, qui en l'espace de trois semaines, s'est mis à bouleverser la donne. Il n'a pas tout fait foirer, il n'a pas tout maîtrisé entre ses mains, ses doigts, avec ses allures de Ken et ses pulls noirs cintrés. C'est juste qu'il a 25 ans - non ça ne change rien ça ne change rien l’âge -, qu'il veut devenir journaliste, qu'il n'est pas de droite, et qu'il veut me faire l'amour avec la violence que j'attends. Voilà. Les premiers mots sont posés, et j'ai les pétoches, c'est vrai. Mais il est possible qu'il s'éloigne Ken, parce qu'il ne veut pas être entre deux feux comme ça.

Mais tout va bien tu sais. Puisque c'est avec toi que je suis moi dans les draps, et à qui je peux dire même quand ça ne va pas. Et pleurer, en rentrant alcoolisée de soirée, où tu étais, où Ken était, et sans que je ne dise rien. Je commence à m'attacher sérieusement à toi. Et à ta peau, tes fesses, ton premier degré en vient à me faire rire, ton droit, tes cheveux lissés maintenant, tes bagues aux doigts. Et à tes yeux qui me regardent aussi.