Son visage au fond de la friterie. Son regard sombre prêt à me fusiller. Elle qui me sourit un "Salut, ça va", lui qui ne sortira pas, sans doute pour ne pas me tendre la joue. Et ça fait mal de dire ça. Parce que même s'il faudrait passer à autre chose, j'me rends bien compte que sa présence aussi lointaine soit -elle me fait défaut. Qu'il reste dans ma tête, qu'il m'a fait du mal. mais que le sentiment de haine s'allie à celui du frisson, et qu'ils se valent. Presque.

Des mots qui hurlent à travers les néons de la cuisine. On les attend. Pourvu qu'ils arrivent vite. Parce que je crie trop fort, que je ne contiens plus la colère Même si Marich (qui est revenu pour quelques jours...) essaie de faire l'arbitre, la joute oratoir entre ma mère et moi devient trop pesante. Et je réponds du tac au tac, j'ai trop de bagout pour laisser les phrases qui refusent de me comprendre s'envoler sans les attraper au vol. Le même sujet qui revient, les mêmes arguments toujours, mais la Passion qui décidément grandit de jour en jour. Elle n'aime plus son travail, elle n'a plus de temps pour elle. Moi j'ai mon rêve et pourtant elle continue à aiguiser son bâton. Elle en fait un obstacle. Un obstacle à mes projets, à mes rêves qu'ils étouffent de plus en plus. Vite. Je veux partir. Elle va pleurer. Et moi j'me sens énervée, prête à défendre mes rêves les plus enviés. La voiture est là. La soirée s'annonce mal, parce que triste d'avoir revu Antoine comme ça, et en colère de réciter le même discours. Tout le temps. Mais pour finir je ris de cette incompréhension. De voir Marich complètement chtrak, la vodka encore qui résonne à coup de rires évadés.