C'est la nuit, malgré août. Et le temps qu’il fait dehors est indécent. Il se déjoue de nous, à son rythme, selon l'humeur. Et je trouve cela détestable. Je voudrais changer de disque, dire peut-être un peu la vérité.
Même si tout ça te semble très enfantin, mes peurs, mes angoisses, mes folies, c'est bien plus grave et dangereux que tu ne le penses. Je teste des limites, mes limites. Et si tu regardais d'un peu plus près, tu réaliserais.
Ce qu'il se passe avec les garçons. Ne devraient peut-être pas arriver comme ça. Mais je n'y peux rien, je m'embarque dans des situations, dans des conditionnements.
Il n'est pas l'heure de se lever, tu devrais le savoir. Et pourtant, tu veilles et tu arrives en retard aussi.
Le silence m'obsède, m'oppresse, m'overdose. Et le noir me réveille. Pourtant, je n'arrive pas à descendre les stores.
La vérité, c'est qu'Alix n'est pas là. Il est dans sa vie, dans son Paris 13e, il est dans ses yeux translucides et dans son égoïsme. Mais il n'est pas là, il n'est pas avec moi. J'espace les temps où l'on se parle, se voit, je calcule les minutes entre. Oui je calcule tout ça. Je fais des pronostics. Ai-je laissé assez de temps entre chaque mot pour qu'il ne voit rien à mon jeu. Assez mais pas non plus trop. Ce qu'il faut. Au milieu. Le juste. Je calcule, et les calculs ça ne va pas avec l'Amour. Il n'y a qu'une chose qui m'échappe. Tout ce qui grouille. C'est là, présent, inlassablement. Et ça ne part pas.
Inlassablement. Peut-être qu'au fond, c'est moi qui commence à me lasser.
Ce n'est pas que je me sens seule, non. Je me sens même plutôt très entourée, à un point que je cherche parfois un peu ma solitude là-dedans. Que je m'accapare des soirées sans rien, juste un 22m² de solitude, avec mes images, avec mes sons. Ce n'est pas que je me sens seule, c'est que je me sens vide. De ce vide qui s'appelle je ne sais comment. Mais qui ressemble à l'envie quand je vois deux mains liées l'une dans l'autre. Si fort que ça en devient énervant, gênant. Ca ressemble à ces débuts de nuit. Lorsqu'on se met à penser à son propre corps, et la tendresse qu'Alix aurait pu avoir ce soir-là.
Chaque expresso a le goût d’une cigarette parisienne. Du tabac qui s'accommode à mes lèvres de temps en temps depuis que je suis à Paris. Chaque expresso ne fait désespérément rien à ma fatigue constante et installée comme une saloperie dans le corps. Je pense Souchon, je rêve de revenir à Souchon. Alors que je devrais écrire. Cette cinquantaine de pages, sur des notions philoso-juridico-artistiques. Je ne sais pas dans quoi je me suis embarquée avec ce sujet mais le fait est qu'il reste exactement neuf soirs plus deux jours pour le rédiger entièrement. Je ne sais pas où était Juillet. J'ai oublié d'exister dans ma vie le mois dernier. Mais il fallait, ne plus rappeler les copines du Conservatoire, ne plus écrire de "Tout d'abord, puis, enfin". Ne plus. Stopper là quelques minutes, un mois et demi. Presque deux. Et maintenant, le sort se jette sur moi comme une tempête rasante, comme le premier baiser auquel on n'est jamais vraiment préparé. Et qu'on repousse jusqu'à ce que. Jusqu'à ce qu'un garçon nous le vole. Il s'appelait Maxime.
Me lasser inlassablement.
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Commentaires :
Re:
Le ventre à l'air et les lèvres en feu.
Depuis je me suis fait naturaliser.
Re: Le ventre à l'air et les lèvres en feu.
Sourire.
Dis, ton grand-père t'appelait crapaud? ou c'était une expression qui lui appartenait? Oui c'est une question importante...
C'est beau, ces histoires de souvenirs qui tombent comme ça.
aubes
Et maintenant, le sort se jette sur moi comme une tempête rasante, comme le premier baiser auquel on n'est jamais vraiment préparé. Et qu'on repousse jusqu'à ce que. Jusqu'à ce qu'un garçon nous le vole. Il s'appelait Maxime.C'est le genre de phrases qui me chatouille juste sous la peau.