Non. Elle ne sait plus écrire. Il y a le temps qui passe et c'est un comble quand on a vingt ans et quelques. Je refuse désormais - pour toujours- de porter une montre. Je n'avais plus voulu regarder les secondes défiler comme ça, dans le vide, dans le temps. Mais maintenant, c'est une prise de conscience quasi définitive, encore plus forte. Non. Elle ne sait plus écrire. Le mal est là, bien ancré. J'avançais dans les couloirs du métro ce soir -cette vie de stagiaire dure jusqu'à tard dans le début de soirée - et je voyais bien que mon visage n'était pas gai. Presque triste. Et j'me disais Mais Lucie qu'est-ce qui ne va pas? Petite, pourquoi tu t'sens comme ça, si flottante, si hésitante ? Ca t'a fait du bien pourtant, de ne pas te rendre disponible hier soir pour tes amis. Juste parce que le temps pour toi était plus que nécessaire. Regarder la fin du premier jour du reste... et s'endormir. Non. Elle ne sait plus écrire. Je voudrais voir naître V. ou peu importe comment il s'appellera d'ailleurs. Parce que ses mots me manquent mais pas seulement. Il ne s'agit pas de son corps. Au fond je n'y ai jamais vraiment prêté attention à son corps. Non, il ne s'agit pas de ça. Ce sont ses idées et son imagination. Les constantes. Les visions. Ils ne m'envoient pas grand chose de bon ceux que j'aime le plus. Je ne veux pas de la sensation d'être nulle. Je ne leur demande pas la lune, mais je sais que je frôle avec les impossibles. J'en suis capable, aujourd'hui encore. Et je me rends compte. Qu'il n'y a pas beaucoup de soutien. Alors je lâche. Voilà je lâche et j'essaie de me dire que non, on ne doit rien à personne. Tu vas trouver ça con, mais je crois qu'on va s'arrêter là pour le moment. Pour l'instant. C'est beau l'instant. Mais j'ai besoin de quelque chose d'uniforme. De quelque chose de général. J'ai besoin de calme, de calme et de plénitude. Je veux l'intensité, l'intensité et la douceur de l'amour. Alix. Mais comment fais-tu pour ne rien y voir. Je crois que j'ai passé le cap. Et c'est bien plus que ça. Je te veux. Je suis en train de crier à l'intérieur que je te veux. Mais il faudrait peut-être simplement te le murmurer. Et bien sûr, je ne dis toujours pas le reste. Les autres essentiels. Parce que mes vies se chevauchent et finissent par cumuler beaucoup trop d'instants pour être à jour sur la nuit.