Il disait "Alors écrire". Et je voudrais me replonger dans ses mots vraiment. C'est cette audition qui me donnait l'envie la semaine dernière. Cette audition à Gambetta, dans l'appart d'un cliché d'artiste, cheveux grisonnants, gueule de bois et pas de frique. C'est d'avoir reçu "Lucie tu as quelque chose on se revoit si tu veux". Ce sont les 300 ou 400 nanas qui y sont passées avant. C'est le vin rouge à 3 euros 89, il insistait là-dessus, ce sont des textes qui me parlaient, une manière d'appréhender la musique qui me dépassait, un piano qui vibrait sous des mots à la fois tendres et luxurieux, comme moi je crois. Il a baissé ses lunettes et m'a dit "Ca va tu es jolie". Et je disais que ce n'était pas tout d'être jolie. C'est quand il a commencé à me parler de Rimbaud et là, l'impression que tout s'éclairait. D'un coup. Alors que quelques minutes plus tôt je me disais "Qu'est-ce que je fous là". C'est cette affiche d'un théâtre parisien. C'est le Cirque qu'il pourrait proposer si je parviens à être douée. C'est un goût semblable à Julien : dans les mots, dans le vin, dans les volutes de fumées indécentes. Et j'étais là, petite, et pleine de mots d'artiste, à me dire qu'on créerait un spectacle imposant Julien & moi s'il pouvait. C'est l'impression de me sentir à ma place, et d'avoir vraiment ce quelque chose. De le sortir à l'air libre et que quelqu'un le saisisse. C'est l'envie que Gabriel me fasse l'amour doucement après ça.

Me replonger dans les mots de Julien. Et créer les miens aussi. Accorder réunir créer des liens mettre bout à bout et projeter. Aller au cœur de ma vie, et. Alors écrire. C'est réaliser que je ne peux pas laisser passer ce texte, et le mien et tant d'autres choses. Julien me disait "lance-toi". Je n'ai pas pris ça comme un défi. Mais une manière de me retrouver dans ma réalité. C’était un tout. Mais surtout la force de ce pour quoi je suis faite. Et je sentais battre en moi la Passion du spectacle et de la scène. L’existence de la Danse, des mots et du jeu.