Les mots ne viennent pas et je n'y crois plus. Je pourrais dire que tout vas bien ou que je suis mal. Peu importe. Ce n'est pas ça qu'il faut savoir. Je sais déjà cet état latent qui est en moi depuis des années et qui m'empêche clairement d'exploser. Tu vois, de bouffer la vie avant qu'elle ne te bouffe. Je sais tout ça. C'est trouver la solution le plus important. Trouver comment il faut faire pour rétablir l'équilibre. Je l'ai perdu un soir de novembre dans les bras de ce garçon qui restera toujours les premiers sentiments partagés, la première complicité, le premier corps, les premières envies de rester à deux la nuit, les premières sucettes à la fraise aux goûts de gage et de défi. Les premières envolées nocturnes. Les premiers crédits d'adolescente qui s'évaporent en l'espace d'une semaine. Cette fraîcheur, cette innocence, tout ça est parti quand lui est parti ce putain de soir de novembre. Il ne l'a pas emporté avec lui non. Parce que quand je vois ce qu'il est avec elle, ce que j'entends d'eux, sur leur vie, leur ville et leur futur s'il ne se réveille pas. Je me rends compte que non, Antoine n'a rien embarqué de moi ; sûrement deux ou trois souvenirs, de l'insouciance, un peu de ces rêves d'enfant aussi et le regret de ne pas y avoir cru.
J'ai peur d'avoir pris des chemins qui n'étaient pas les bons. Je me rassure. Chaque jour, je remets en question et essaie de ne pas pleurer sous les draps parce que le doute qui ronge et bouffe jusqu'à la moelle. Je sais déjà que tout ça est trop pour moi. Mais ça ne va pas encore assez vite pour que je lâche tout. Il faut m'user jusqu'au bout, jusqu'à la dernière repsiration, la dernière transpiration. Je ne me vois pas ailleurs que sur scène, dans le mouvement, dans le corps, dans les mots, dans les gestes et l'insolence d'y croire très très fort. Je ne me vois pas dans ce qu'on me propose, dans ce que JE me propose - et que je réussis du reste. Ce n'est pas vouloir de la difficulté à tout prix pour exciter mon besoin de fierté, ou quoi d'autre encore. Non. C'est ailleurs. Du vital, du viscéral. Je sens que je suis trop faible en ce moment pour rêver cet impossible rêve, atteindre cette inaccessible étoile comme dirait Brel. Trop faible parce que je suis au bout, au bout à deux doigts de tout envoyer en l'air. Et ces deux mouvements sont les plus épuisants, les deux derniers, les pires sans doute. De tout bazarder comme un enfant qui n'aime pas les épinards ou les haricots verts. Tu cours après l'impossible me disait Arabelle hier pendant qu'on se maquillait pour le spectacle. Et le pire c'est que parfois, tu arrives à l'atteindre. A deux moments de jeter les clés dans le lavabo, à deux temps d'enlever les sourires et recommencer à rire. Pour de bon.
A quand?
Commentaires :
Re:
Oui en relisant je me rends compte que je peux être confuse. Pour ce qui est de bazarder ce n'est sûrement pas la Danse, l'Art. Non. Ce sont ces facs, ces cursus en plus. Ce de quoi je m'encombre mais qui est tout de même pour moi très complémentaire pour m'épanouir dans la Danse et le théâtre.
Mais tu as raison, quand on a la chance d'avoir trouvé sa voie, on peut s'estimer heureux. Quand on a la passion, là dans le ventre. Mais souvent, ces passions sont bien trop hautes pour qu'on soit à la hauteur, et c'est ce à quoi je me borne ne ce moment : le doute et le manque de confiance et la pure technique aussi...
Merci, de lire quand tu peux alors, merci pour ce courage aussi.
"savoir ce qui est mieux. Ce qu'il vaut mieux". Tu vois c'est exactement la question que j'ai peur de me poser franchement en ce moment.
Souvent, pour atteindre un but qu'on se fixe, il y a des choses moins agréables à faire, à entendre, ou à vivre. Des choses qui font douter, qui nous font perdre confiance. Il faut passer outre, et voir la finalité des choses, même si elle n'est que virtuelle. Je conçois parfaitement que ce soit dur. Mais si on garde le cap, on finit par y arriver. Tu n'imagines même pas le nombre de projets insensés que j'ai pu avoir, des projets que j'ai tentés (ou pas, certes). Avec une énergie telle que rien ne semblait pouvoir m'arrêter. Tout ça par passion. Ou par amour. Ou les deux...
Peu de choses sont impossibles, au final. Ne l'oublie pas.
Sinon, des rires et des sourires, je t'en souhaite beaucoup. Et encore plus que tu ne l'espères. Parce qu'il en faut...
(Allez, j'me tais, j'prends de la place avec mes loongs commentaires ^^)
Re:
oui tu as raison, s'accrocher à ces rêves ca peut-être très dur et très décourageant au fond. Mais tu sais je crois qu'on n'a pas totalement saisi que ce qui est en train de lâcher c'est ce qui m'éloigne de la Danse c'est le restant, les Facs tout ca. Mon tewte est un peu brouillon apparement. Alros bien sûr, la Danse ça devietn dure, mais je ne lâcherai pas, j'y crois trop. Au moins ca.
Ton commentaire me touche tu sais. Cette sensation que te jettes corps et âmes dans tes passions et tes amours.
Je ne suis et serai capable de ça que pour la Danse...
Re:
La question que je me pose souvent, au final, c'est de savoir s'il faut que je continue à vivre tout ce qui compte avec autant d'énergie, avec autant d'intensité, même si ça épuise, même si ça peut faire mal... Parce que les déceptions sont plus dures, quand c'est quelque chose ou quelqu'un pour qui on s'est donné à fond. Des fois, je voudrais juste me laisser porter par les évènements. Rêver pour de vrai.
Je crois que c'est pour ça, que j'ai besoin de moments de liberté, de moments rien qu'à moi, à ne rien faire, ou à me détendre dans mon coin. Pour évacuer cette pression que je me mets. Je crois que je suis comme ça, je vis les choses à fond. L'envie de faire les choses bien, et de mettre toutes les chances de mon côté, pour y arriver.
Reste à savoir si c'est bien, ou pas...
Re:
Ah oui et merci pour les rires et les sourires.
Et surout pour cette phrase là : Peu de choses sont impossibles, au final. Ne l'oublie pas.
Mickaël a raison. Je crois que tout le monde doute un jour ou l'autre. Certaines personnes plus que d'autres surement. Tu sais, en ce moment, je doute aussi beaucoup. Parce que je me sens seule. Je vois les personnes autours de moi se ranger peu à peu, faire ce qu'ils doivent faire pour avoir une vie normale, une vie bien droite, bien raisonnée et avec le moins de risques possibles.
Mais le doute, je crois que c'est le prix à payer lorsqu'on fait des études/un art par passion. C'est une voie difficile on le sait depuis le premier jour où l'on a fait ce choix, et même si on l'a choisi, parfois on doute. J'imagine que c'est un doute bénéfique, qui nous fait rebondir et être plus forte. Qui nous permet de ne pas foncer dans le mur, d'être consciente des difficultés et de se battre pour y parvenir.
Puis, qu'on y arrive, ou qu'on y arrive pas ; on aura essayé. On aura fait de notre mieux et ce, jusqu'au bout: n'est pas le plus important dans le fond ? Peu essayer d'atteindre leur rêve, peu...
Je t'embrasse. Je t'envoie du courage.
Re:
Essayer ca ne me suffira pas. Je veux réussir sinon , non pas sinon rien, mais sinon je risque de ne pas y survivre tu sais. Enfin pas physiquement. Tout est dans le psychique!
Le doute est sans doute fondateur mais souvent trop déstabilisant pour les personnes qui manquent de confiance. Maintenant ca fait aprte du jeu, je l'accepte, certes, mais je ne m'y fais pas.
Si tu en parles si bien, c'est que toi aussi tu dois vivre ou étudier pour un art, une passion??
Merci pour ton courage en tout cas. Sincérement.
Des bisous
Tu sais les études, en art, c'est ce qu'il y a de plus simple dans le fond. Après, il ne suffit plus de se convaincre soi-même qu'on veut être là où on a choisi d'être, il faut convaincre les autres. Il faut les laisser entrer dans ton monde pour qu'ils aient envie de travailler avec toi, de te suivre, de t'écouter. Il faut faire le même travail en retour plus les contraintes, plus le poids de chacun qui nous porte et que l'on porte. Moi j'avais pas trop l'habitude alors ça m'a foutu des barres dans le ventre et le foie qui se retourne. J'ai eu envie de respirer normalement, alors j'ai tout envoyé en l'air histoire d'avoir un temps pour me remouler, redevenir quelqu'un qui enlève les sourires et qui recommence à rire, pour de bon.
Mais est-ce qu'on m'aura attendu une fois que je reviendrai.
Re:
Je crois que oui qu'on t'aura attendu. Et si ce n'est pas le cas, alors il faudra recommencer et surtout surtout avoir le courage et la force de le faire.
Alors oui étudier sa passion c'est le plus facile, je vois très bien pourquoi, mais c'est aussi le plus difficile il me semble. La passion ca apporte autant de bonheur que de souffrance je crois depuis le début.
Tout envoyer, c'es sans doute ce que je devrais faire...
Nel-
Tu sais, ce qui est quand même chouette dans tout ça, c'est que tu as une étoile à suivre. Tu te vois quelque part, et même que là d'ailleurs. Mais au moins, malgré ce que tu pourras dire parfois, ça t'anime. Et pour ça je t'envie.
Sinon, il est joli ce texte. Comme beaucoup d'autres. Je passe parfois, quand je peux, je lis. J'écris pas souvent (jamais ?) mais je lis.
Je t'envoie du courage. Mais au fond de toi, tu dois savoir ce qui est mieux. Ce qu'il vaut mieux. Ce que tu regretteras, ou pas forcément.