Les nuits se raccourssisent et le soleil manque à ma vie. Pourtant on ouvre les fenêtres pour espérer respirer un peu. Un peu plus. Hugues me défie l'Australie, et bien sûr que je partirai demain si l'on pouvait. Aucune attache ici, à Paris. Plus même elle qui est à l'inverse de moi, et avec qui pourtant je partageais tout depuis cet été 2005, brillant, inoubliable. C'est une amitié en suspens et nous sommes toutes les deux orgueilleuses, alors.

Jude revient demain, demain oui. Il y a ce nouveau groupe qu'elle me présentera et au fond je me demande si je n'aimerais pas que ça recommence. Comme il y a exactement - exactement oui - sept mois à peine. Un 27 mars. Comme cette soirée alcoolisée au rhum dans la cour du Gibus, le tremplin remporté par les Naz et mon nouvel amoureux. Tu sais j'en parle encore comme si c'était hier parce que rien n'a changé. A part l'absente présence. Tu sais j'écoute correctement ces cours de grammaire et je m'accroche. Je me heurte à des raissonnements qui datent des siècles passés et je repense à moi, à nous, sur ces chaises lycéennes à divaguer en cours de maths. Je ne sais plus exactement ce qu'il faudrait que je sois ou ce à quoi je devrais arriver, mais le temps est court dans sa course infinie. Alors je pense - à créer, à projetter - à mêler la Danse avec des photographies de Paris, j'y pense devant un chocolat chaud de Mouffetard.

Hier, je savais qu'on était le 26. On a même changer le temps. Comme ça. On l'a remonté et tout le monde était d'accord. On était le 26 et il y a encore la grosse marque rouge qu'il a laissé sur ma joue. On était le 26 et je suis passée devant la banque à Bastille avec Manon. J'y suis passée et j'ai évoqué cette - folle - nuit de mai je crois. Il s'était approché du clochard qui nous avait parlé des cartes. On avait tous les trois tirés des As. Comme ça. Et tout le monde était d'accord.