Et le jour se lève et le ciel accélère. Les enfants ne crient plus dans les cours d'école. Les sonneries retentissent de nouveau et les tableaux noirs se remplissent de poudre de craie blanche. Je n'y comprends rien et pourtant je devrais. Aucune musique ne me satisfait vraiment. Je zappe comme le reste. Je n'ai pas envie, cette année, de recommencer ces soirées d’alcool et de fumées. A embrasser des bouches que je ne désire même pas. A me prouver des choses comme ça. Voilà tout recommence sur un autre ton. La vie d'étudiante parisienne. Et si tu savais comme je flippe d'en faire trop. Je vais trop en faire tu crois? Trop de fringues bien repassés, bien coiffés, les cils noirs. Les livres dans les mains, les soirées à bachoter. Et avoir si peu de Danse dans le corps et que ça ne suffise pas à mes sourires, à mon travail, à progresser. Si tu savais comme je flippe que ce ne soit pas suffisant pour m'améliorer. Si tu savais comme je flippe de devenir cette étudiante parmi les autres. Cette fille qui n’a pas cette Passion dans le ventre. Cette fille fade, étudiante banale. Si tu savais comme je flippe de combler autant ce vide opaque et imbuvable laissé par Clément fin mai par tout ça. Fin mai oui et j'y suis encore. A ne pas oser l’appeler. A rêver de lui la nuit le jour et les yeux ouverts. A rêver et ressentir son corps dans l'inconscient comme ça n'arrivait plus. Le sentir au plus près de mes paumes. Toucher son torse et me blottir contre sa peau chaude. Il y avait dans mes bras de la vie et dans mes jours des envies de paradis perdus. Il y avait ces tonnes de pas. Je me réveille cent fois et cent fois je pense à lui dans le noir. La nuit me rattrape le plus vite la nuit m’engrène. Chaque nuit, Clément me rattrape alors que. Rien. Je suis à l'envers et ça ne me va pas. Je ne veux pas que ça recommence - je m'écroulerai.
Mes yeux sont déjà lourds de fatigue. Je sais que culpabiliserai bientôt au moindre moment de détente. Les pages du livre se tournent difficilement. Mais se tournent un peu. C’est déjà ça. La Belgique était froide cet après-midi. Cette ville du livre aussi. J'aurais dû aimer. Oui mais voilà. Les livres avaient pour la plupart un passé, et je ne voulais pas arriver là. Tourner des pages déjà tournées. Débarquer en plein milieu de leur histoire et n'en être qu'une partie. Je préfère ceux qui n'ont jamais servi. Qui sentent le neuf, comme ces milliards d'autres. Mais que je puisse créer mes seuls et uniques souvenirs avec.
J'écoutais Chopin vendredi et ça n'a même pas dû surprendre Hugues. Je lui ai menti en disant qu'on était plus rien nous deux. Nous deux c'est intemporel on ne me l'avait jamais faite celle-là. Mais il a raison. Ce truc, cette façon de penser qui nous relient quoiqu'on en dise, malgré ces comportements qu'on déteste chez l'autre. Bien sûr je lui ai menti et ça ne m'arrangeait même pas.
[Chopin, Valse n°2 en Do Majeur, opus 64]
Commentaires :
Ce n'est pas bon de n'avoir peur de rien.
Quant aux livres, ceux aux pages déjà usées ont, tout de même, un charme particulier. L'odeur de la poussière et la pliure des pages. C'est comme si l'on était deux à écouter une histoire. mais ton avis se défend aussi. bien sûr. Et moi, je ne pourrais trancher...
Re:
Bien sûr que non elle ne peut pas s'envoler comme ça. Mais quand même, l'entretenir le plus possible, la faire évoluer. J'ai peur de ne pas avoir assez de temps. Ok je n'en ai jamais assez, mais là je t'assure que j'ai peur. je suis fatiguée avant de commencer. Et comme si je ne savais pas être heureuse. C'est con et fou mais.
Oui je comprends cette envie d'être à deux sur la même histoire, mais je suis sans doute un peu trop égoïste ou individualiste à ce sujet je ne sais pas. A Paris tu me changes... !
Re:
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