Samedi 16 août 2008
La route vibrait sous mes fesses. Je sentais le vent m'enrouler le coeur et entrer dans le casque - mes cheveux blonds dépassaient. Je me disais que ce n'était pas si compliqué le bonheur. Le bonheur d'un instant. Ces courts instants de bonheur aussi palpables que le paysage de la Marne qui défilait devant moi. Il a appuyé sur l'accélérateur. Et quand on roulait au plus vite, j'ai lâché les mains. Sensation de légèreté, d'intense liberté. Et puis le risque aussi. Mon frère me l'a reproché, une fois de plus. D'aimer la liberté, de l'aimer et la chercher. C'est ce qu'il y a de plus important la liberté a répondu mon père. Je crois qu'on ne se comprend plus avec mon frère, il pense que ma vie valse avec les bohémiens, que je ne pense pas à l'avenir. Il n'a rien compris. La moto a roulé devant l'Université. Et j'y ai vu les ombres d’Hugues, de Thomas. Je ne m'y voyais pas. Si je suis convaincue d'une chose c'est d'avoir fait un bon choix en ne venant pas dans cette ville. La facilité sans doute ne me correspond pas.
Clémence a tenu à me jouer une sonate de Beethoven, cette sonate que j'ai toujours voulu savoir taper sur des touches blanches. Alors elle a fait la main gauche et je tentais la main droite dans l'instantané. Finalement il y en avait des noires aussi. Quatre dièses à la clé. Fa do sol ré. On s'arrête à ré. Il y avait le vin maison de mon oncle. Les mélanges étonnants, les abeilles dans la maison, on a repéré la reine. La mousse framboise et le sanglier trop sec. La tablée étendue, le ventre rond et quelques photos qui s'échappent. Comme d'habitude cette impression que je fais le spectacle, c'est plus fort que moi. Peut-être que j'ai été un peu trop provoc. Encore. Défendre la gauche avec mon père et se dire que de toute façon, on vote toujours pour les loosers. On mange presque tous à la table des grands maintenant. La famille a l'air de s'agrandir. En face de moi, ces deux jeunes couples. Mon frère et elle que j'aime bien finalement. Et ma cousine, de 87 aussi. Ils ont dû fêter leur un an comme ils disent, il y a quelques mois déjà. Je n'étais pas jalouse non, mais il y avait. L'impression qu'on aurait pas ressemblé à ça si Clément avait été là. Le hamac et la tête en arrière. La ballade dans Reims et se raconter, parler de nous. De moi beaucoup - pour une fois. Il faisait juste bon. Et je crois que tout était juste bon.
Commentaires :
Re:
C'ets vrai qu'il y a ces repas chez moi, qui valent à peine le détour. Ce parrain surtout qui décidément cherchera toujours à me faire craquer, lamentablement. Mais il n'a pas encore compris que ça ne marche pas. C'est d'ailleurs le seul à ne pas avoir compris que j'avance, seul, sans personne, avec un soutien parental minime, et que rien ne détruira ça, ça qui domine au plus profond de monventre, de mon être. Ce parain, qui vraiment essaie de me faire du mal.
Et puis il y a ces autres repas, que j'aime, ceux où je me sens bien, malgré en effet ces quelques piques, indéniables. Ranger en sensations, jusqu'au prochain repas.
ecilora