Un été d'animation. Une saison d'animation terminée hier soir - 19h50. Dès le matin, la pluie tapait contre la vitre du bus. Elle s'épaississait sous les yeux des enfants. Je m'étais bombée les cheveux en rose pour le dernier jour au parc d’attraction. J'ai lié un sac poubelle à la cheville gauche pour empêcher l'eau de trop rentrer dans les chaussures. C'est con mais je trouve que le ridicule est drôle dans l'animation. Ne pas se prendre au sérieux, surtout. Sous les yeux, il y a du bleu de fatigue, il y a ces sept semaines, un peu plus même, de sourires d'enfants malhabiles. Il y a un mois d'août peut-être regrettable – la direction, le manque de confiance, les enfants capricieux. L'été a achevé les dernières forces qui traînaient encore dans les veines. Voilà c'est fini. Six ans exactement, six ans que je n'ai pas vu la mer. Et ça me manque bordel. Même le sable qui gêne entre les orteils. Quatre ans que mes étés sont bercés par l'animation. Deux ans que les doubles cursus m'obligent à passer à côté de pas mal de choses. Un choix avant tout. Je compte en année.
J'ai hâte de retrouver mes 22m², j'attends peut-être trop de cette nouvelle année. Comme tous les ans, j'[en] attends trop. Tout est encore indécis. Plein de portes ouvertes, mais je ne sais pas encore exactement où passer. Rien qu'une qui reste fermée, la plus lourde, la plus espérée, la plus travaillée. Rien de décider. Ne pas savoir prendre de décisions. Mes envies s'entremêlent à la raison ; cette dernière va l'emporter. Je sais que l'écart se creuse malgré tout. Malgré moi. Je commence à me métamorphoser en étudiante parisienne qui porte du Esprit et les cheveux bien lisses. J'imagine que ça change. J'imagine Clément, j'imagine un re-nous-veau. L'été n'a rien fait d'autre que laisser les choses se tasser. L'été a déçu certaines amitiés aussi. L'été dernier n'était que le début des séparations. Les années font défiler ces liens du lycée, du collège aussi. L'été s'est passé, presque intégralement sans eux. Autrement. Et je savais que ça serait comme ça. Alizée n’a pas l’air d’aimé Paris autant que moi. Mais il y a ces espérances. Les marchés de Montmartre, les fruits qu’il faudra consommer, la vie à nous deux. Et Paris, Paris encore l’année prochaine – dans quelques jours. Est-ce que rien ne change jamais?
Commentaires :
Re: Aux sombres héros de l'amer
Peut-être sommes nous responsables des changements qui s'opèrent dans nos vies. Peut-être aussi que notre manque de discernement, nos qualités d'homme absent, qui n'agit pas, sont responsables des changements.
Oui il y a l'envie. Je crois bien qu'elle est là, tout au fond de moi elle doit y être. Mais en réalité, pour l'instant "envie" rimerait avec "ne plus y croire, lâcher l'affaire". Bien sûr qu'on peut revenir de tout. Bien sûr. Mais l'envie est sans doute plus difficile à avoir que le cheminement qui conduit à la reconstruction. Merci, merci pour ça surtout "toucher le plus pur de soi, la quête du bonheur personnel. Je t'encourage donc à faire un pari sur Paris, un pari sur ta vie car tu as un atout, la profondeur de devenir. " Parce que c'est parfois avec ce genre de mots que j'ai envie. Enfin l'envie de redevenir battante comme je l'ai été. Cette profondeur de devenir comme tu l'écris si bien, cette recherche du bonheur, cet inévitable destin exceptionnel auquel je crois (modestement)... c'est sans doute bien plus qu'un pari. Mais faut-il peut-être le voir comme ça pour l'instant pour y croire. ALros merci de me l'avoir lancé ce pari sur Paris.
Même si ce n'est pas à l'amer, je la prends la mer.
Art-Orange-2004
Aux sombres héros de l'amer