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Les dernières heures du jour avalées par l’horizon

 * toi, encore toi

Tout recommence à me sembler loin de moi. Sa peau il y quatre mois. Son corps pur, ses mains. Sa chemise camel Kenzo débraillée, son pull bleu en cashmere, les Tee-shirt de sa mère, les foulards de sa mère, ses Marlboro rouges, les repas toujours un peu compliqués. Son intelligence putain son intelligence. Sa voix qui chantent dans les rues de Paris et qui se fout des regards sur elle. Ses intentions aux SDF, ses regards soutenus et candides aux gens qui passent. J'ai l'impression que c'est loin, je ne me revois plus dans nos scènes. Le pire, c'est qu'on allait s'aimer. Et puis il y a les nuits d'amour aussi. D'amour ou d'affection, de pulsion, peu importe. Les nuits dans ses bras, sous son corps, sur son corps, les nuits fondues dans ses mains, les nuits qui font peur, les nuits qui rassurent. La nuit n'est pas toujours blonde, la nuit sort de moi. La nuit me manque. Les nuits de contentement comme il disait. Les nuits douces, les nuits qu'on a souvent dû écourter à cause des cours, à cause des partiels tôt. Vivre la nuit avec lui pendant le jour. Vivre dans son coin du coeur. J’aurai accepté encore ces retards dans la nuit, encore son désir de ne pas connaître mes amis, encore manger au rythme de son foie claudiquant. T’en as connu beaucoup des garçons comme lui toi ? Un garçon aussi rare que ce qui oublie de se générer dans son sang.

Le manque de lui. Rien n'est passé, comme c'était prévu. Comme c'était prévu oui. Les autres pensait que j'oublierai avec le temps. Et moi j'étais sûre que l'été ne changerait rien à ça. Au manque, toujours le manque. Il a sûrement flippé oui. Sûrement. La peur de perdre la liberté de nos 20 ans. La peur de ne plus passer ses tonnes de moments dans les sons de ses amis, des Naz. Rien que de penser à leurs accords qu'on avait repéré de loin à la fête de la Musique, mon ventre se serre. Des notes sans bruit. Des notes chancelantes et indécises qui se filent et se glissent de salle de concert en parvis parisiens. Je suis sûre qu'on s'aimait bien, qu'il m'aimait bien. Je suis sûre que rien n'aurait dû changer, que je ne lui aurai pas mis le couteau sous la gorge de toute façon. En m'endormant, je serre encore le drap rose et jaune. Le dernier qu'on ait étendu tous les deux. Le dernier qui pouvait encore emprisonner son odeur. Le dernier qui a glissé sur son corps. Ce corps d'une beauté fine, ce corps perfusé dans mes doigts. De la douceur et des rires étouffés par ces nuits parisiennes. Pas de grands fous rires, pas de gros déchirements, mais de jolies nuits de jeunesse et toujours la blancheur dans les draps. J'ai voulu oublier qu'il me manquait. J'ai eu mal à avoir l’impression de mourir, c'est sûr. Aujourd’hui, peut-être demain ou hier, il est rentré ou rentrera au plus près de Paris. Et pourtant je le sens toujours aussi loin qu’à l’autre bout du monde où il passait quelques vacances. J'ai cru oublié. Nos nuits improbables, nos révélations aussi et ses sourires qui m’embrassaient. Quand je réussis à craquer une allumette d’une seule main, j’ai envie de l’appeler pour lui dire. Comme quand j'apprends un mot nouveau. La nuit dans ses bras, dans son corps, au creux de son épaule, nos souffles à l’unisson, ma respiration rapide dans ses paumes. Ma respiration en sursis maintenant.

Ecrit par lilou, le Dimanche 3 Août 2008, 23:17 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

anarph
anarph
04-08-08 à 13:37

Même si ce texte est très bon, et beau même, ne crois-tu pas que la meilleure façon pour oublier, aurait été de ne pas l'écrire ?

Oui, je sais, il n'y a que ça qui te vient en ce moment, et tu en ressens le besoin, mais crois-tu que l'oubli vient tout seul ?

Allons, allons. Certes tu as besoin de faire sortir tout cela, mais la relecture ne le fait-il pas rentrer encore plus violemment ?

Crois-moi, s'Il n'est pas là, c'est qu'Il n'existe pas. Tout vient de là, tout marche comme cela, tout se résout comme cela.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:58

Re:

Ne pas l'écrire n'aurait pas été ignorer? Et je ne veux pas, ou du moins, je ne sais pas ignorer ce genre de choses un peu lourde qui te collent au ventre.

Il n'y a pas que ça qui vient : pendant une semaine, j'ai un peu oublié, et comme je disais à aubes, d'autres mots sont venus mais pas publiés. Pourquoi, pourquoi pas. Il y a eu tous ces rires d'enfants, et les miens aussi. Même si ce Lundi 4 août les a complètement baffoués, ils ont été là, heureux et bienvenus. Oui mais voilà, il y a  eu le WE, ce moment où tu souffles, où tu devrais peut-être penser un peu plus à toi. Je dis bien peut-être parce qu'au final, tu penses à lui ou à elle.

La relecture est en effet violente. Et je relis, relis et relis encore. Je sais que l'oubli ne vient pas tout seul. La théorie, je la connais. Tout est une question de volonté. Ce n'est pas toi qui a cru relevé un manque d'ambition chez moi il n'y a pas si longtemps?

Il n'existe pas donc, il n'existe pas dans le présent. Ca je l'ai admis, l'admets. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'ils sera là dans le futur. Mon erreur doit-être là?

Merci de venir par ici en tout cas.Tes commentaires sont toujours.. non rien. ;)


 
aubes
aubes
04-08-08 à 21:49

(Moi, un seul. C'était il y a deux ans, je n'ai pourtant pas eu le temps de l'aimer mais j'y pense encore, et nos nuits sont restées toute ma mélancolie. Dans vingt ans, il sera toujours ce garçon en italique dans mes souvenirs.)

Mais anarph a raison je crois. Quand j'y pense, c'est doux mais avoir cessé de l'écrire et le récrire n'est pas un mal.
Et avoir laissé A. dans mon imparfait plutôt que dans des mots en noir sur blanc, m'a vraiment aidé à, vivre à nouveau.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:12

Re:

Il y avait ce garçon en italique dans mes souvenirs. A. aussi. Antoine. Mais quatre ans après, c'est passé. Réellement. Presque de la haine. Non du mépris et c'est peut-être pire. Et tu vois, quand je pense à lui, je me dis que Clément quand même il était dix mille fois plus intelligent, et je ne parle pas de l'instruction là, il m'apportait sûrement beaucoup plus. Mais au fond, la Lucie de 17 ans et celle de 20 ans n'avaient pas besoin de la même chose.

Ce garçon en italique, je crois qu'il a changé d'identité en l'espace de quelques mois. A moins que cela ne soit qu'un effet, un effet "d'amour".

Essayer d'oublier ne vous semble pas suffisant. Soit. Difficile de faire autrement. Vouloir oublier serait plus utile qu'essayer je crois. Et sit u savais comme j'ai mal à l'idée de voir nos souvenirs s'effacer à cause de la mémoire. Alors si en plus je dois me forcer à oublier....


 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:21

Re:

En fait mon italique, c'est B. :) Je ne suis pas sûre qu'il finisse par être remplacé. J'ai appris en me faisant une raison que les jolies premières fois ne se remplacent pas. Peut-être oui, peuvent-elles changer d'identité?
(A, c'est juste celui qui m'a fait mal ce printemps. Mon mépris est lui appartient entièrement, et c'est sans aucun doute lui donner trop d'importance.)

En fait, je ne suis même pas sûre qu'il soit possible d'oublier. Vivre sans. Ou vivre avec, plutôt. Cette absence. Mais tu as raison, il faut le vouloir un peu d'abord. Vouloir cesser un peu de s'écorcher.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:28

Re:

"les jolies premières fois ne se remplacent pas". Elle est belle cette phrase, elle est d'aubes quoi! Je vois ce que tu veux dire, si bien. Même si cette jolie première fois ne l'était pas tant... hum. Mais la première fois qu'on aime, même un peu oui ça ça ne s'oublie pas et ça se remplace encore moins.

Elle chande d'identité parce qu'on ne vit plus avec les mêmes espoirs, avec les mêmes attentes et les envies de même bras.Elles changent sans changer, elles passent, la route suit son cours je dirais.

L'absence présente et bien pire que la présence absente tu as raison.

Continuer de l'aimer, d'y penser et d'avoir mal, est-ce vraiment continuer de s'écorcher? Quand c'est à sens unique, "oui" me diras-tu...


 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:34

Re:

Si tu n'avais pas ajouté et d'avoir mal, j'aurais dit que je pourrais avoir tord. Je crois que c'est une douleur très doucereuse, et c'est justement  ce qui clos le cercle vivieux. Ca fait du bien en faisant du mal, n'est-ce pas?
Et le sens unique a très souvent une perspective de souffrance, aussi. Oui.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:48

Re:

Ca fait du bien en faisant du mal jusqu'à ce que tu prennes conscience que le sens unique en est vraiment un et que c'est toi, la petite conne qui donne qui donne qui voudrait donner et recevoir, en vain. Cette perspective de souffrance, c'est exactement ça. Exactement. Tu sais que tu fonces droit dans le mur mais tu y vas quand même. Même si tu sais excactement comment t'arrêter, tu y vas, et tu te le prends ce mur. En plein dans le coeur.

Jusqu'à ce que le mur tombe, tombe de vieillesse (le temps).


 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:54

Re:

Ou tombe parce qu'on l'a heurté de trop plein fouet?

Et laisse place à autre chose. Un horizon par exemple. Qu'on n'atteindra jamais mais c'est ce qui redessine de l'espoir dans la rétine. Et c'est ce qui suffit, j'ai envie d'ajouter.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 23:03

Re:

L'espoir, les espérances. Si j'étais vraiment ce coeur noir, je dirai que l'horizon n'est autre qu'un autre mur qu'on risque de se prendre et de nous faire tomber. Mais je ne veux pas faire peur. Voyons l'horizon donc. Espérons le et respirons. Relevons nous en bons petits soldats que nous sommes, prêts à affronter baricades et renouveau.

 
aubes
aubes
04-08-08 à 21:52

Et, oh!!!

Je viens de voir ton sourire. Enfin! Ca m'a fait une pique au coeur. Merci, merci.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:02

Re:

C'est normal ;)

Allez, je t'en refais un pour la pein :)))) (un gros)


 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:07

Re:

Tu m'obliges à répondre.

:)))))))


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:09

Re:

On peut aller loin comme ça ...

... :))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))


 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:13

Re:

Je capitule!

Merci pour ces messages croisés Lucie, tu m'as fait sourire, et au lieu de l'étaler je me contenterai de dire qu'il va durer au moins la soirée.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:22

Re:

Merci à toi.

Le mien durera jusqu'à ton aubes.

Et je n'oublie pas, tu viens de lire d'une traite peut-être un mois de ma vie, mais la tienne reste derrière quelques clics. Et San Francisco se fait déjà souvenirs...


 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:38

Re:

:) San Francisco fourmille. Je ne sais pas encore si les mots pourront la capturer un peu. (Cela faisait longtemps que je n'étais pas tombée aussi doucement amoureuse.)

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:42

Re:

Amoureuse de San Francisco qui s'étale sur ta page là-bas. Ou amoureuse pour "de vrai"?

 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:49

Re:

De San Francisco. Qui s'étale face à l'océan là-bas. Je n'ai pas hésité parce que les villes, ne font pas aussi mal que les humains, je crois. Et c'est peut-être un des seuls amours à sens unique, qui ne laisse pas de blessures.
Peut-être que je ne dis ça que parce que c'est le début. Peut-être que c'est idiot de parler d'un amas de bâtiments, de cette manière.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 23:00

Re:

Ca ne l'est pas. Pas du tout.

Je suis amoureuse de Paris et de ses troittoirs sales. De ses bars et ses terrasses qui sentent le café trop noirs et les Marlboro. Ses amas de bâtiments qui lui sont propres.

Mais le doute me prend, tu n'es pas là-bas quand même? A San Francisco?


 
aubes
aubes
04-08-08 à 23:12

Re:

Je voudrais. Je n'ai pas vraiment su revenir mais techniquement, je ne suis plus là-bas non.

 
MangakaDine
MangakaDine
06-08-08 à 03:31

Tu sais, pour me réconforter parfois je me dis que les choses que l'on veut oublier, ce sont celles qui auront le plus de valeur dans quelques années. Celles que l'on chérira de pouvoir se souvenir, parce qu'elles auront l'air plus vraies que d'autres. Parce qu'on pourra enfin sourire dessus et plus pleurer. Et là on verra forcément, que c'était trop, trop chouette de le vivre, même si tout le reste. On sera fier de ces moments là parce qu'on saura plus que quiconque qu'ils nous auront fait plein de fourmis dans le corps, et un pincement au coeur. Un truc qui ne part pas.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
07-08-08 à 22:41

Re:

Le fait est que je ne veux pas oublier, surtout pas. Je me ronge assez les doigts d'avoir une mémoire qui me fait parfois faux bond. Et je suis dors et déjà fière de ces moments que j'ai passé, fière, nostalgique, et en manque de ces fourmis, de ce pincement. Ils n'ont pas l'air mais ils sont vrais, ils sont purs c'est encore... pire. Pire parce que difficile à faire passer du coup.

Je siuis ravie de t'avoir lu par ici Dine, j'espère que tout va bien pour toi...