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J'aimerais voyager, et puis avoir du temps aussi

                

Dans la file d’attente j’ai encore envie d’une cigarette. Je pense à toutes ces interviews et les phrases retenues. L'immense affiche qui doit déjà être sur les marches d'escalier. J’en ai marre de voir Paris dans son impersonnalité. C’est peut-être pour ça que je comptais les jours finalement. Pour avoir cette envie de me perdre sur les lignes de bus, de monter dedans sans savoir où ils me mènent. Et contempler. Paris et ses [dés]illusions.

On est une heure en avance. Toute la journée j’y ai pensé. Il y a des files d’attente même quand on a déjà nos places. On attend dans le froid. Je les ai embarqué avec moi. Depuis plus d'un mois et demi - depuis novembre. En ouvrant la porte du haut des escaliers, je vous vois, portable porté à l’oreille. J’ai le cœur qui bat la chamade et bien plus encore. Mais lis ça en chuchotant. J’ai l’impression d’être asphyxier de bonheur, de ne plus savoir respirer la réalité. J’ai un mouvement vers l’arrière. J’ose à peine vous regarder et pourtant. Vous nous avez vu d’en bas, c’est sûr. Un flash à Zinédine, quelques mots, quelques mercis. Et puis, vous. Quand je suis à quelques secondes de vous approcher, je pense à toi. Et je m’en veux. Même si  j’aurais aimé le partager avec toi, j’avais envie de le vivre pour moi ce moment. Votre écharpe bleue enroulée autour de votre cou et la chemise, bleue aussi, mal ouverte. Une photo. Votre barbe de 5 ou 8 jours et. Profiter. A fond, à fond. Si Paris n’avait pas été là, je n’aurais pas pu vous prendre par la taille M. Klapisch. Vous sembliez si étonné de mes mots. Vous dire que je suis admiratrice de votre travail. Vous dire que je n’avais jamais autant attendu après un film. Ces derniers matins, en me levant, je pensai à vous. Je pensai à Paris sous les effets de la lumière artificielle. A vos images pour la première fois sur un grand écran. Ce matin là encore, une douce euphorie. C’était une des premières fois de l’année que je souriais à la barre de classique. Je ne retenais les enchainements qu’à moitié, je mémorisais sur le tas. Jazz. Danser sur Janis Joplin. Sourire. Sauter. Essayer le plus haut possible. Je transforme les petits sauts du bas de jambe en grand sauts écarts. J’amplifie mes mouvements, je compte dans ma tête. J’aurais aimé vous dire tant de choses encore, vous dire que votre regard est un de ceux que je préfère dans le cinéma français contemporain. J’aurais aimé. Avoir plus de temps. J’étais fière. Fière d’être française. De me dire que certains hommes en France ont de tels regards, qu’ils voient la vie de cette belle manière. Fière d’être là, le jour de la sortie en salle.  Fière d'être avec deux américaines et une israélienne. Fière qu’elles le connaissent, qu’elles l’aiment aussi. Fière du cinéma français. Je l’aime. Mais je suis fermée. Je suis amoureuse de Klapisch, de Jeunêt, de Berry, d’Honoré. De quelques Jeux d’enfant, de cœur qui s’arrête à trop avoir battu, d’une Amélie, de Chansons d’amour. Mais au fond, mon regard est ciblé. Je ne vois pas beaucoup plus loin. Mais ce cinéma c’est un peu ce que je suis, ou ce que je crois être au fond. Comme celui que je voudrais faire du haut de la capitale.

J’aime ces instants. De suspens mêlés à l’euphorie de moments impénétrables. Quand on revient aux yeux du monde alors que nos cœurs sont encore suspendus à la magie des rencontres, de quelques mots échangés. Quand je ris comme une petite fille en enlaçant une fille que je ne connaissais pas quelques heures auparavant. J’me sens volée, légère, exister. En vie. Envie de squatter le ciel de Paris. Le colorier de bleu clair et m’enfoncer dans les méandres de la capitale. Je sens nos cœurs battre sous nos pieds et ça fait boum à l’intérieur. Mon cœur à moi, à nous, et à celui de Paris. Le métronome est déréglé. Et la vie est bien plus belle comme ça. Pendant la présentation, des larmes coulent. Je prends des photos trop sombres, je filme un peu. J’ai pleuré comme la petite fille que je suis en l’entendant parler. Et puis je sors mon cahier. Je prends quelques pages de répliques en note pendant la projection. La musique pendant le film, et je m'aperçois que je compte jusqu’à 8 inconsciemment. Je suis une vraie droguée. J’ai eu envie de vomir avec lui. Binoche lui prenait le front. Jouer cette scène. Etre à leur place. Il y avait ce poster de Danse dans l’appartement. L'accessoire que je suis peut-être la seule à avoir remarqué dans la salle. Parce qu’il a fallu qu’il lui fasse faire du Cabaret. Les ballets de Saint-Petersbourg ne lui avait-il pas suffit ? Cette image quand il sort de ces draps noirs et referme la porte sur la chambre des enfants. Je pleure. Je suis une petite fille. Ca sentait la fin. Il y a eu des choeurs en rire aussi. Il m'a transporté loin. Et pourtant, j'y étais. Pas juste au bord. Mais là. J’aurais aimé être Laêtitia. Luchini aurait été ce nouveau prof du mercredi soir. Celui qui porte le bleu au fond de ses yeux, qui troublent les miens et qui me fait baisser la tête. Je n’arrive pas à me concentrer quand il se perd dans la phonétique.

Le lendemain matin, L. me demande si je vais bien. Et de répondre en une seule phrase. Je case Klapisch, fatigue, chocolat, Danse, Paris, partiel, résultats, Klapisch, Jazz, Klapisch Klapisch Klapsich. Je mets plein de virgules. Je commence à comprendre mes amis parisiens, étudiants à la Fac, qui vont boire des cafés noirs après les cours. Aller contempler les gens sur la terrasse d’un café, une clope entre les doigts, évidemment. Les écouter, ses vies qui se consument dans la capitale. Je ne vois pas où je pourrais vivre en ce moment sinon à Paris.

Ecrit par lilou, le Dimanche 2 Mars 2008, 19:28 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

ecilora
ecilora
02-03-08 à 21:02

Cette image-là. L'histoire des gens. Le poster. Je l'ai vu aussi. Même si j'ai été incapable de dire qui. De dire quoi. J'ai voulu savoir danser comme eux lors de cette petite soirée. J'avais les larmes au bord des yeux lorsque Luchini dansait chez lui avec Laetitia. J'ai été triste à ce moment là pour lui. jamais. je l'ai su que jamais elle ne serait toute à leur histoire. Et la porte se refermant sur les enfants aussi. Mais surtout, faire le tour de Paris la tête à l'envers à l'arrière d'une voiture. Comme des gamins.
Et puis, éclat de rire. Jte kif grav.

BzOo dOo

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
02-03-08 à 23:25

Re:

Je n'ai pas réussi à capter le nom complet pour le poster. C'est entre autre pour ça qu'il sera nécessaire, indispensable, de le revoir! A la fin, l'image de Mademoiselle Mélanie dans ce café près duquel je passe chaque jour, quand lui est dans le taxi, et qu'ils se regardent. Comme si.

La tête à l'envers ok, mais le tour de Paris en taxi, c'est à se faire offrir alors!

"J'pensais que t'étais un petit connard, mais là je vois que t'es un grand malade!"

;)


 
ecilora
ecilora
02-03-08 à 23:30

Re:

Comme si. Ouais.
Le taxi, tu as raison... ou alors, juste se faire emmener sur Paris...

 
Camille
02-03-08 à 23:39

Je n'aurais jamais cru dire ça, mais... Mais la magie de Paris existe ailleurs. La vie, ce tourbillon de vie, existe partout si l'on y croit.
Pour y avoir vécu, et pour l'avoir quitté, Paris est inégalable, mais...

Un "mais" reste en suspens..

... Ceci dit, je n'ai pas (encore) vu "Paris".


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
03-03-08 à 12:06

Re:

Je crois que je n'ai pas assez vu d'autres ailleurs ces derniers temps pour pouvoir ressentir cette magie autre part. A vrai dire, c'est tellement difficile de voir Paris habillé de magie parfois. Parce que l'on y vit, parce qu'on se fait bousculer, parce qu'on y court. On/Je n'y vis parfois que trop rapidemment. C'est peut-être ça ce "mais" en suspens....

Va le voir, il faut le coup [d'oeil]...