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Des perles qui tombent comme si le sang du ciel couvrait le siècle rouge d’un drapeau blanc

Le Dimanche 27 Janvier 2007. 17H52.

J’attends les beaux jours avec une folle impatience. J’attends qu’ils me mènent aux sourires volages et à la peau à vif. J’attends de me couper le sang avec la Sangria et m’illuminer de feux d’artifice. J’attends, impatiente, immanente. Je m’époumone en attendant ce jour où l’horizon semblera immensément loin. Ce jour où j’aurai envie de dire bonjour aux gens que je ne connais pas dans la rue, où je mettrai l’ascenseur sur pause spontanément en voyant arriver quelqu’un. Ma vie pèse sur mes cervicales. Ca tire, j’ai du mal à baisser la tête. A m’abattre. Mais ça vient tout doucement. Sournoisement. Je me perds. Je suis complètement paumée. Hugues me manque. Et avant appuyer sur Envoyer, j’aimerais savoir quoi écrire à Antoine. J’me sens vide parce que j’ai perdu cette envie de le haïr. J’me sens vide parce que je ne peux plus le voir comme un souvenir qui fait mal. Au bord de mon lit, les jambes en tailleur, je frappe doucement mes doigts sur les lettres grises. Grises comme moi. Avec un peu de cette blancheur, de cette innocence, de cette candeur au cœur. Mélangées au noir. Comme ce qui est en train de durer, linéairement. Oui je prends les ascenseurs toute seule maintenant. Seulement trois étages. Certes. Mes yeux sont tellement usés de fatigue que je n’ai même plus la force de retenir mon souffle pendant le voyage. J’aimerais beaucoup comprendre. Réellement. Pourquoi mon regard est vidé, mes lèvres figées d’un ton neutre. Je suis absente. Je plane dans le froid de Bastille. Je zone dans mon monde de vitesse. On me demande d’écrire des tonnes de pages sur moi, sur ma vie et mes envies. Seulement 10 en fait. J’en écris une généreuse vingtaine. J’emploie un ton optimiste. Des mots emplis d’ambition et plein d’énergie. Menteuse menteuse menteuse. J’ai franchi la frontière. Je me mens à moi-même depuis quelque temps déjà. Mais ça je le savais. Et maintenant c’est les autres que je trahis de mes mensonges. Je leurre des galéjades. J’attends ce jour où je pourrai taper les trois lettres. Luc a raison, je le ferai. Envoyer un message. Destinataire Antoine. Comme lui l’avait lâchement fait. Trois petites lettres encore inaccessibles. F-i-n. Point surtout. Il n’y en a qu’un qui peut deviner quand sera ce moment. Je sais exactement quand ça arrivera. Parce que je l’imagine déjà entre le souffle. L’instant précis où je tournerai toutes ces pages si pesantes, gênantes, stressantes et tristes qui s’accumulent sous mon nez. Ces pages qui me narguent de vie et d’amour. D’amour. Je sortirai de moi, je donnerai, et les anges se loveront aux opiomanes de mon visage. Ca m’arrache les doigts d’écrire ce mot-là pour l’instant. Je le trouve niais venant de moi. Quand je passe la porte du studio le matin, je n’ai pas le droit de ne pas aller bien. On ne me demande ni de sourire, ni de pleurer. Seulement de Danser jusqu’au bout du corps, au bout du mouvement, à bout de force. Tous les jours, il y a ces mots censés brisés les plus faibles. Tous les jours, les profs sont là pour nous rappeler qu’on n’est pas censé fermer les yeux sur la Danse une seconde. Chaque matin, je suis censée longer le Café de la Danse à la perpendiculaire avec une très grande parenthèse sur le visage. Je suis aussi censée vivre les plus belles années de ma vie. Censée.

[Saez, St Pétersbourg]

Ecrit par lilou, le Mercredi 6 Février 2008, 16:43 dans la rubrique Au jour le jour.