J'ai bu. Beaucoup trop pour que ce soit vrai. Pour que les sourires le soient. Beaucoup trop pour que ça aille. L'alcool dans les veines s’écoulait lentement. Et pourtant ça n'a rien changé.
Les larmes s’abattent de la fenêtre du troisième étage. Je pleure le temps qui passe. Pauvre petite conne. J'me sens si loin de moi. Et pourtant j'ai l’impression des mains de Julien qui effleurent, mon dos peut-être. Ce soir-là, je vous ai affectionné Julien. De tout ce qui me coulait des yeux. Je vous ai affectionné parce que je ne savais faire plus que ça. Je sentais bien le froid sur ma peau. Mais peu importe. Le bonheur est quoi qu'on en dise inaccessible. Et la course, en ce moment, m'essouffle. Inévitablement.
Monsieur S. vous me suivez encore. Je vous porte depuis toujours au fond du coeur, et je ne le savais sans doute pas. L’inconsolable écoulement du temps vous fait-il aussi plisser les yeux? Je pensais vous avoir croisé un matin de Seconde. Mais ça ne devait être qu'une illusion. Comme tous les autres. Dans la candeur de votre chemise et la confusion de vos cheveux. Les bras de Monsieur S. ont-il réellement changé la donne. Puisque comme tout les autres, j'ai joué le décompte. Avec sans doute un sourire pour l'occasion. Moi non plus je ne voulais pas. Je vous ai vu tendre et impulsif. Ineffable. Julien, au moment où vous avez tout conquis, vous avez perdu, tout. Moi aussi j'ai tout perdu. Parce que j'ai fait ce putain de décompte. Toute seule. Et personne ni croyait, même pas moi, même pas Julien. Je me suis explosée au sol comme des billes de verre. Mon corps volait sur la musique. Sans comprendre ce que je faisais. Et le pire, c'est que j'ai cru que ça me faisait du bien.
Je tiens encore un peu la nuit. Ma voix s'envole fort et mes sourires sont une parodie. Que de la mélancolie entre la poitrine et le ventre. Je ne veux pas croire que nos vies se briseront dans l'éphémère. Je n'y arrive pas. Je mourrai d'un désir d'éternité. A moins que ce ne soit l’éternité qui me meurt. Le bonheur précipite la fuite des secondes. Et pourtant, je crève d'envie d'être heureuse. J’aurai voulu avec vous Monsieur S. Mais quand je ne connais pas, il faut croire que je me protège. De tout. Des garçons, même de leur tendresse. C’est peut-être de la méfiance. Etes-vous sérieux Monsieur S. ? Parce que moi je n’en peux plus de l’être. Et lorsque je vous jette dans les bras mes affectivités, je ne m’en souviens pas Julien. Quand je ne le fais pas assez, je regrette.
Ce soir-là, j’ai vécu d’une énergie pernicieuse. C’est le vide qui m’exaltait. Ne plus rien penser, ne plus essayer de se souvenir. Et puis à sept heures et des poussières, j’ai bien senti que vous me lâchiez la main Monsieur S. Je l’ai senti parce que mes gestes se sont littéralement ankylosés sous vos yeux Julien, dans le noir du jour qui se levait. On porte la jeunesse au fond de nos regards, au bord d’une inconscience qui me fait peur. Que j’ai à peine oser toucher avec vous. Et si vous saviez comme je regrette. On a joué. J’ai commencé à jouer avec l'imminence d’un instant. A moins que ça ne soit seulement avec mes sourires approximatifs. J'ai lancé un coup. Ai-je perdu la main ? Je n'espère pas la votre Julien. J’aurai voulu, avec ma noirceur et le peu que j’ai de perversités, brillé d’une sombre lueur. Je crois que je vous déteste et vous admire. Je ne suis pas romantique, mais je suis une Romantique. Je suis déclassée. Je me suis brimée.
Vous la voyez, Monsieur S., la terre qui s'éloigne du rivage? C'est juste 2007 qui part sous les effets de l'alcool, qui part en quelques fumées incandescentes. 2008 a terminé de bien se commencer en posant le pied sur le sol ce premier jour de l’année.
Monsieur Julien. Monsieur Julien Sorel vous restez celui qui a bercé 6 minutes avant la fin. Vous restez celui pour qui j'ai terminé à la Vodka. Dans des shooters qu’on claque sur la table basse.
Comme la votre, ma tête tombe à la fin. Elle tombe d'alcool. S’effondre de rires inharmonieux. De fin de nuit ou de début de jour. Je ne sais plus et je m'en fous. Elle tombe lorsque je prends conscience que ça ne va pas. La vérité manque à ma vie. Ne pas la jouer sur des coups de roulette, en misant tantôt sur le rouge, tantôt sur le noir. Je ne veux pas de votre destin tragique. Je veux savoir ce que je veux. Et je ne voudrais pas vivre au hasard. Mais à l’instant.
Commentaires :
Re:
Déjà, merci d'être là, encore.
Je suis très flatée de lire que certaines de ces phrases ont pu toucher quelqu'un. Le titre est tiré d'une chanson de Zazie "J' étais là". Elle même est assez poignante. Quand à ce reflet, je dois donc comprendre que ce n'est pas la grande forme...
Ca ne l'est pas, fade, loin de là. Au contraire. Ce qui me semble fade c'est de ne répondre par qu'un simple "merci".
Merci beaucoup pour le vert. Je t'en envoie aussi, des sourires.
Vous êtes mythic, monsieur Stendhal, résolument meetic.
:-)
Re:
Stendhal n'était pourtant pas si près de moi. Je lui demanderai la prochaine fois que je le croise. Mais entre nous, je n'ai plus très envie de croiser Julien Sorel.
J'applaudie le jeu de mot. Je commence à rédiger mon profil... Dans qualificatif, je compte mettre légendaire...
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C'est... je...
Ce serait trop long de reprendre toutes les phrases où j'ai perçu mon propre reflet, et je suis incapable de te dire comme certains bouts de ce texte m'ont touchée. Le titre m'a étranglé.
Ca me semble bien fade de dire que j'aime ta manière d'écrire, mais c'est le cas.
Des sourires, quand même. Et ce vert est très beau, apaisant et dynamisant.