[Samedi 1er septembre - Archive - sans retour de voix]

Je ne marque pas vraiment les fins, les débuts, les départs ici. Parce que tout est en continu, ma vie ne s'arrête pour ainsi dire jamais. Tout file d'une traite. Pas de coupure. Pas de paragraphe. J'ai toujours cru que j'aurai un destin exceptionnel. Peu banal. J'ai toujours su. Aucune prétention là-dedans. Le principal est que j'en sois convaincue. Je me suis accrochée à ça, tout le temps. C'est sans doute pour ça que je savais si bien relativiser les cours d' SVT du mardi matin 8h au lycée. J'étais plus concentrée à te sentir à la table derrière moi. A m'imaginer quelques mois plus tard effleurant la Capitale au bord des doigts. La Capitale et la Danse. Les deux qui étaient assis juste à côté de moi ne sont plus de la partie. Elle, on ne parle plus. Lui je ne sais pas. Est-ce que c'est moi qui finalement gâche les amitiés? J'écris des messages à Hugues que je n'envoie jamais. A part quand l'alcool a filtré les veines. On ne devient plus rien. L'année dernière n'était qu'un échauffement. Le rythme est encore plus soutenu. Deux semaines seulement et mes paupières sont déjà bleues. Et je me demande comment ça va être possible. Physiquement parlant. Le matin je me lève en me disant que c'est pour un an. Un an à s'accrocher. Les autres filles semblent douées, minces, en forme. Je ris, ce sont les nerfs qui lâchent. Tout s'enchaînent : les douches, la transpiration, le sommeil. Elle a les cheveux presque orange et elle nous parle du Jazz en plein milieu d'un exercice. On s'asseoit et on l'écoute pendant de longues minutes. Ma Danse a une autre dimension cette année. Et je crois que c'est à peu près à ça que je voulais que ça ressemble. Ingurgiter toute ces connaissances, les nouvelles techniques et "crépiter". Au Louvre, il y a une semaine, les Danseurs du Conservatoire s'appropriaient les sculptures de Mésopotamie. Ils improvisaient tout autour de nous. J'avais juste envie de Danser avec eux. Je sentais l'avenir en moi. Elle nous a demandé de faire un CD avec ces chansons qui nous appartiennent. Ne presque pas tricher. Il en est ressortit une petite quarantaine. Elles ont quasiment toute une histoire, mon histoire. Peut-être que la vie est une chanson au fond. Et pour les accords et les désaccords, je préfère les laisser sous soupirs ce soir.