Ce noir ne me plaît plus. Ici. Dans la nuit. Dans ma vie. Et dans mes rêves agités. Aller de l'avant. C'est ce que je suis censée faire, je sais. Du temps j'en ai déjà trop perdu. Avant je riais facilement. Quand je devais jouer un personnage grave et ténu, on me disait d'arrêter de sourire. Mais ce n'était pas ce que je faisais. C'était mon visage. Ma bouche qui s'étirait en parenthèse permanente toute seule. Je pleurais aussi. Sans m'arrêter. Je ne retenais rien. Hier soir, j'essuyais mes joues avec les doigts. Les vers étaient aussi doux à l'oreille que l'amour de Cyrano pour Roxane. Mais chut... la magie opère encore. Plus tard. Là j'ai pleuré, je me suis surprise. Alors pourquoi pour lui ça n'est pas pareil. Je me demande comment ça se passera lundi et puis les jours d'après. Si je réussirai à ne pas penser à lui. A me concentrer sur la Danse, sur la Littérature. Sur le temps qui persiste à ne rien achever.

Si elle était en face de moi, je lui dirai qu'elle a beaucoup de chance. De t'avoir. Je refuse toute abstinence. Tout se casse la gueule. Je n'ai plus l'habitude de me laisser aller à ce genre de. Est-ce que ça m'ira? Je ne me bats pas. Ni contre elle. Ni pour toi. Il n'y a que tes mots qui puissent me désabuser. Le ciel ressemblerait presque à septembre. Ma gorge est nouée, je sens le froid entrer à travers ma peau. Septembre touche à sa fin. Octobre me prend déjà en sursis. Lundi, 9h30, tout recommencera. Fini les jolis sous-vêtements. Retour aux brassières qui aplatissent la poitrine, les boxers qu'on fait dépasser des pantalons souples. Retrouver les justaucorps sans rien en dessous. Trouver ça agréable. Les douches communes dans les vestiaires, sentir l'eau couler dans la nuque. Trouver ça mérité. Le sac Nike sur l'épaule et les courses dans le métro.  Les cheveux en pagaille en arrivant à la Fac et frôler les couloirs pour ne pas trop y exister. Penser à dormir. Mais juste y penser. On écoute du Jazz. On écoute Ray Charles. La musique a un air d'hiver.  Et on s'évade. Le plus loin possible.  Just an old sweet song Still in peaceful dreams I see The road leads back to you