* [Doisneau]
Nuit. Et tout se bascule. J'ai enfin trouvé le moyen d'allonger les jours. Au dépend de réussir les heures où le soleil éclaire. 11 Novembre 2004. Mon monde à moi se cassait la gueule. Mon monde de lycéenne, celui où l'incertitude du Bac est omniprésente. Une journée fériée, une journée sur les joues seulement, à éviter nos regards, à enfuir mes doigts dans des gants plutôt que dans tes mains, à sourire faussement et à retenir mon souffle. Deux ans auparavant, à quelques heures de décalage, je retenais mes larmes devant l'écran lâche de mon portable : "1 message reçu". Deux ans plus tard, j'ai réussi à le lire, à le relire, et à le relire encore, une dernière fois. Et j'hésite même à appuyer sur effacer tu vois. Sauf que toi, je me demande si maintenant tu ne regrettes pas de l'avoir relu avant de faire vibrer mon portable. Retour dans mon présent. Nuit du 11 & 12 Novembre, [2006]. Ses yeux bleus me suspendent en premier quand je pousse la porte entrouverte, son sourire marqué par ses dents du bonheur, sa tignasse blonde bien soignée façon décoiffée, et son look de papier glacé. Joint dans la main, fesses au bord du lit, ce monde autour. Et "Salut, moi c'est Hugues". Je balbutie, je contredis, je demande pardon. Je prends des photos, avant de flasher je manque de tomber debout sur une chaise ou m'agenouille, penche l'appareil. Et on parle "expos". La suite, c'est comme en terminale. Une dizaine d'étudiants dans un 18 m², nos deux corps frôlés l'un contre l'autre. Nos mains effleurées ne se cherchaient même pas, l'évidence me serrait à peine le ventre. L'odeur de cigarette sur sa langue ne m'a même pas dérangé. Tous ses souffles oubliés au creux de mon oreille étaient sourires. Se laisser aller à la fatigue qui vous fait dire des mots d'il y a longtemps. Des sensations dont on a l'impression d'une autre vie. Et puis se rappeler que c'était agréable, ses caresses au creux de la nuque et le reste. Tourner le dos bêtement parce que ce n'est que quelques heures, et puis finir par enlacer jusqu'au bout le présent. Oublier le jour qui ne se lèvera jamais entre mes doigts cette nuit là. Et puis j'ai su retenir le jour en fin de semaine aussi. Le retenir au bout de mon stylo bleu. J'ai bien cru renverser mes tasses de café infectes sur tous les livres qui s'étalaient par terre au fur et à mesure que la nuit s'effaçait derrière la vitre. Le lendemain, hier, la barre de classique me semblait lourde, mon ventre ne se serrait pas dans les grands pliés, et mes jambes ne s'ouvraient pas haut en en-dehors. J'ai pris mon sac et quitté l'école avant le Jazz, sans savoir si je passais dans le niveau supérieur... Ce soir, j'ai improvisé une place au fond du siège passager. Je tire les manches de mon pull large jusqu'à mes phalanges. C'était doux cette sincérité dans nos voix. Il me manquait aussi ce sourire blond de mon "peut-être meilleur ami". Et puis il m'a fait ce genre de baiser du bout des lèvres, très tendres sur la joue. Hugues. J'ai claqué la portière en baissant la tête et le coeur expire.
Aller à un concert Repeindre ma chambre en vert Boire de la vodka Et puis tout massacrer Mettre les voiles Fumer beaucoup trop Prendre le métro Et te prendre en photo Jeter tout par les fenêtres [... ...] Te faire mourir de rire Aspirer tes soupirs M'enfermer tout le jour Ecrire des mots d'amour Boire mon café noir Me lever en retard Pleurer sur un trottoir Me serrer sur ton coeur Pardonner tes erreurs Jouer de la guitare Danser sur un comptoir [... ...] Jeter tout par les fenêtres T'aimer de tout mon être [... ... ] Dresser la liste non exhaustive [... ...] S'aimer quand on est saoule Fumer toujours trop Eveiller tes soupçons Te demander pardon Et te traiter de con Avoir un peu le spleen [... ...] Se dire qu'on est heureux Emmerder les envieux.
[Rose, La liste]
Commentaires :
Re:
C'est vrai que "se dire qu'on est heureux" ça fonctionne myen en ce moment. Même si beaucoup aimerait être à ma place, enfin quoique...ce n'est pas sûr. Mais les partiels ont déjà un goût de rattrapage, et c'est dur à admettre...
Re: Re:
Mais on y arrivera. Entières ou non, je sais pas. Mais on pourra au moins dire que c'est fini.
Courage. BzOo
Re: Re: Re:
Re: Re: Re: Re:
Et peut-être qu'on a tout foiré, comme je le fais tous les ans. Et finalement. Alors, on se contentera de ne rien dire et de s'attendre au pire. C'est ce qu'il y a de mieux à faire...
Bonne aprem alors. Je suis sûre que çà ira un peu mieux dès que tu auras tes chaussons aux pieds.
BzOo.
ciorale
Se dire qu'on est heureux
Sauf que parfois, on est pas très convaincant. Et même sur nous, çà fonctionne pas. :)