[*Antoine, juillet 2006]
26 août. Tu as eu 19 ans. Comment aurai-je pu l'oublier cette date? J'ai attendu après juillet. Savoir qui de toi ou moi serait le plus fort. Et puis ça n'aura servi à rien. Au début, on se disait bonjour du bout des lèvres, on se regardait à peine. Et puis tu vois il y a eu ces sourires dans nos bouches. 17 ans, un mois de plus. Parce qu'il était le premier à me tracer de long trait au feutre orange sur le bras, et moi je lui courrais après. On était bien plus que deux animateurs. Les enfants ne le savaient pas tout "ça". Tout ce qu’on est tous les deux. Aujourd'hui je suis sûre de cette complicité qui nous lance des regards discrets. Nous avons eu 17 ans ensemble. Et je crois même que ça continue.
On a fermé la tente et moi je me sentais emprisonnée. Je n'ai jamais aimé ça dormir là-dessous. Tous les enfants dormaient, on avait éteint le feu de camp en lançant les dernières bouteilles d'eau. On s'est retrouvé tous les deux, à se chercher. Alors pendant une heure c’était les mains qui tapent, les rires, le ton qui s'élève pour rigoler ensuite. Cette fois on n'a pas lié nos deux sacs de couchages avec la fermeture. Tu sais, comme pendant les fêtes au lycée au mois de juin? Quand les cours se terminaient. Il y avait la retenue en plus. J'avais envie de me jeter à ton cou et de te serrer fort. Je crois que tu pensais à elle pour ne pas ceindre ta main dans la mienne. Quand on s'est réveillé sans un mot, on a retrouvé le jour comme on avait quitté le milieu de la nuit. Nos yeux tombaient sur les joues. Maintenant il ne faut pas lâcher son sourire comme il ne faut pas lâcher l'affaire.
On a passé la nuit à refaire le monde
Et la nuit passée on l'avait déjà fait
On a passé la nuit à refaire le monde
Une fois la nuit passée rien n'avait changé
[Patxi Garat]
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ryne