J'ai traîné des pieds en sortant du cours d'Art dramatique. En descendant les escaliers, je m'accrochais à la rambarde de peur de ne tomber sur moi. Dans le parc, les épées sciaient nos hanches. Les yeux un peu plus à cause du soleil. Et puis je suis restée avec l'autre classe. Les compotes de pomme et les petits beurres étalés sur l'herbe bien verte du début des beaux jours. On entendait les lames sinter à quelques pas. Et s'allonger dans l'herbe, et dire que ça ne va pas. Et lire les quatrièmes de couverture. Le joint qui tourne dans nos mains vides. Avaler la fumée pour ne plus jamais la recracher. Et puis l'année prochaine, ceux qui resteront, ceux qui ne savent pas encore, et moi. Qui sait que je ne passerai pas de deuxième Printemps dans ce parc. Je ne sais même pas rire aux éclats. Je chercherai sûrement à en revoir certains, d'autres même pas. Mon court métrage dans les mains, comme un devoir qu’on aurait rendu après la correction. Se colmater les oreilles et poser les mains sur les yeux parfois. Je passe chaque jour devant le grand panneau de pub de cinéma, j'évite la barrière, musique dans le creux des oreilles. Je soutiens ce nouveau sac kaki sur les épaules, je me force à tourner les hanches en dehors quand je marche. Il n'y aura bientôt plus ces scénarii qu'on envie dans les mains des autres, il n'y aura plus ce prof toujours en retard et son accent russe qui résonne comme une divagation, il n'y aura plus cette longue épée qui a tapé mes dents, retourné la bouche, fait saigner ma gencive et couper l'intérieur de la lèvre, ce goût de sang dans la bouche rincée par l'eau Taillefine. Il n'y aura plus ces tresses africaines du mercredi midi. Il n’y aura plus les jeudis après-midi et la dernière demi heure manquée pour retrouver la Danse, ailleurs. Bien plus loin qu'on le penserait. J'ai cet esprit ailleurs. Celui qui rêvasse dans un bus de banlieue parisienne. Le teint blanc qui fait découvrir des traits bleus sous les yeux. Parce qu'en ce moment, c'est juste que je voudrais me laisser aller et que je n’y arrive pas.
[Death Cab For Cutie, I will follow you into the dark]
Commentaires :
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A part que aie... la lèvre! ;)
BzOo
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Je sais pas. Mais lire à voix heute procure toujours quelque chose de plus que lire à voix basse, selon moi...
ninoutita
Mais tu ne crois pas que tu penses déjà trop à l'après sans trop vivre les derniers moments ?
Gros bisous.