On ne s'est jamais dit Je t'aime. Ou presque jusqu'à la dernière lettre. Tu ne m'as jamais fait l'amour jusqu'au bout. On ne s'est jamais enlacé sur le sable qui butine les cuisses. Au bord des lèvres et du bout des doigts. On ne se disait pas de mots doux. A peine des mots d'amour. On s'aimait presque, je crois. Et même plus que ça, croit moi. Tu es parti trop vite te réfugier dans d'autres lits. Trop vite, mais tellement si près. On a dépassé tellement de fois le grillage pour se fondre avec le bitume. Même que parfois mes cheveux tombaient sur tes joues. Ca sentait bon la camomille. Ca ne valait pas grand chose cette fois où je ne savais plus te parler, mes lèvres étaient paralysées dans ses non-dits. Le visage qui tremble et les mains à l'étroit. Les yeux mouillés et la gorge qui pique. Bientôt ça fera trop longtemps, et j'entends encore ta voix se taire dans mon cou. L’asphalte avait fait de nous des embrasseurs de l’été. Tous ces mots d'allemand que ni toi ni moi ne comprenaient. On les aurait tourné en chanson triste si on l'avait voulu. Dans un mois moins un jour, ça aurait fait deux ans. On ne savait pas ce que c'était le temps à 17 ans. C'était juste...chut. Moi maintenant je crois moins aux baisers à l'encre douce. Je ne sens plus les fleurs du jasmin que ton souffle brassait sur mon ventre. Et encore moins aux mûres qui tachent en plein hiver. Et puis de toute façon maintenant Je ne me souviens plus c'était tard dans la nuit, J'entend encore la voix, mais je ne vois plus les traits. Même si c'est faux, j'te le dirai pas. Qu'un jour on sait qu'on se fondra dans des draps roses. Et que personne ne le saura. Ou presque. Et peut-être même que je ne veux pas te le dire. Mais Est-ce que j'en ai les larmes aux yeux Que nos mains ne tiennent plus ensemble. On fera des tours du monde dans nos joues. Et on se serrera comme quand on s'aimait presque dans la nuit.