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On me dit que le temps qui glisse est un salaud

Je croise les jambes, et la guitare entre les doigts. Ils s’emmêlent. Ca ne file pas comme sur les touches blanches et noires de mon piano. La voix devance l’arpège. Il y a comme un trémolo qui frétille au bout de la main. Mes doigts vire sur le clavier en dansant. La musique douce, et la voix légère m’emporte dans une espèce de vertige agréable.

Je suis arrivée en retard à la gare vendredi. Caro m’attendait devant. Elle a déposé son sac à côté de mes valises. Et puis on a scruté au ralenti la petite ville. Elle a sourit avec mes meilleurs amis. On m’a regardé à l’écran. Allongée par terre, le couteau dans le ventre et le faux sang plein les mains, sur la peau, sur la ceinture, sur la poitrine, plein le cœur. Et le gros plan de la fin aussi. Devant un diabolo violette à moins de deux euros, on s’est raconté les deux derniers mois. Manon et moi des plus folles, et Caro, en bonne parisienne beaucoup plus posée devant la cigarette que Manon consumait en quelques bouffées. On est passé trois fois devant les mêmes endroits citadins. Et puis on a senti le vent des quais poussé nos joues. Les pas se sont emmêlés dans nos justaucorps humides le soir. Mon pantalon remonté au moins jusqu’en haut de la cuisse glissait sur le collant noir. C’était apparemment le cours d’afro le plus difficile de l’année. A vrai dire on l’a senti au bout du souffle et dans nos mollets en se rhabillant. Dans ces vestiaires qui sentent la Danse, cette odeur à part entière. Comme quand les bouteilles d’eau traînent sur les chaises, quand on enlève nos jeans, quand des petites filles roses oublient leur paires de demi pointe, comme quand les tuniques sont jetés au sol, comme quand je dormais avec mes pointes en CM1. On s’est serré dans le bar débordant. A dix autour d’une table en bois travaillée. Et puis ça parlait Danse. Forcément. Mon jus de fraise siroté. Sur des sous-verre on a joué à Amnésia. Et ça me rappelait il y a quelques mois. Les animateurs d’un été. Avec Ben et Marich aussi parfois, dans le même bar. Ce qui a changé c’est sûrement ce qu’il y avait dans le verre. Et puis la vie aussi accessoirement. Et le reste ça ne compte pas. On s’est réveillé tard dans la matinée. Le film de Danse devant nos yeux fatigués. Les bras qui ne peuvent plus faire le moulinet, les courbatures qui ont pris jusqu’aux pupilles. Et puis, il y a eu l’échauffement de jazz à la barre. Je n’ai pas senti toutes les positions, mon bassin mal placé quelquefois. Et en entrant dans la salle, je m’étais dit qu’il fallait que je tire beaucoup plus, que ce n’était pas grave si ça faisait mal. Après tout ça n’est que cette impression qu’on déchire les muscles. Et depuis, ce putain de début de tendinite dans la cuisse. Alors s’il ne faut plus Danser pendant trois semaines. Une sera largement suffisant. On s’est maquillé vite fait, et puis enfilé un haut noir de soirée. L’anniversaire de ma sœur de la Danse. Sur la grande piste, des Red Bull à la main, on a Dansé, sans se soucier du placement, des bras gracieux, des jambes qui ne montent pas assez haut, des pliés pas assez profond. De tout ce qui n’est pas assez en fin de compte. Se laisser tenter par le tabac dans la bouche. Juste un peu. Et c'est déjà trop je crois. L’aiguille avait passé minuit depuis une heure. On s’est serré dans la voiture d’A. Et ça ressemblait à l’été encore, ces soirées improvisés au dernier moment. Les biscuits avalés vite fait, les yeux retouchés devant le miroir à l’avant. Les chansons italiennes en fond sonore. « Sono un italiano un italiano vero » à tu tête parce que ça sonnait faux. On est arrivé sur le parking blindé. On a laissé nos manteaux dans le coffre, et courut vite parce que les chaussures qui claquent contre la pluie tombée sur le béton. On a poussé ces inconnus sur la piste pour se frayer un chemin. J’ai noué mon gilet noir autour de ma taille et puis on a Dansé ou peut-être plutôt bougé. J’avais comme un teint de liberté dans les yeux fermés. Comme si plus rien ne pouvait arrivé, comme si j’avais tout oublié. Et même de pleurer. On n'avait pas un euro en poche. Juste la jeunesse dans les mouvements décomposés. Et c'est peut-être ça la liberté, non? Y’ a eu les compliments que j’ai refusé. Etienne et parlé du centre aéré, un peu. Mais surtout de lui. Les fins de cigarettes. "Tu fumes toi maintenant? Non". Même pas la force d’ouvrir le frigo en rentrant. Dimanche soir, il a fallu découvrir le SAMU à une heure de route à cause d’un gars de la boîte contagieux. Ma tête qui tapait et ma mère avait le ventre noué. On a vu les noms de ceux qui étaient venus le samedi soir aussi, inscrit dans le cabinet. Partis s’amuser, lâcher les contradictions. Le vieux médecin de garde, l'écriture blasé par les mêmes mots qu'il écrit, les mêmes médicaments qu'il prescrit depuis deux jours. Il a fallu avaler ces cachets de prévention pendant deux jours. Et maintenant c’est fini. Je pense déjà à Marich qui revient, dans notre Province. Je pense au week-end en perspective. Je pense à l’Australie. A ce projet luxuriant dans nos têtes de gamines extraverties. […] Hier soir, encore ce bar avec Amel, ceux qui viennent nous dire « Bonsoir, depuis le temps »… Je sais, ce temps, je n’ai toujours pas réussi à le retenir. Et j’ai l’impression qu’elle me tient les mêmes discours qu’avant. Et moi un peu moins. Ce genre de soirée qu’on avait presque oublié. Et que ça fait du bien de revivre.

Ecrit par passionnee-par-les-reves, le Mercredi 19 Avril 2006, 15:40 dans la rubrique Au jour le jour.