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On se regarde, on rit, on crâne un peu

Il nous avait dit qu'il fallait filer les grandes galeries et créer l'histoire des tableaux. Penser à l'examen de fin d'année. Jouer les intéressés et étudier chaque attitude, chaque forme du visage. Ou j'exagère sûrement. J'avais eu chaud dans ce musée. Je cherchais un banc tous les deux mètres et j'avais encore la Danse dans les pieds. Mon portable ne passait pas dans les sous terrains de l'Asie orientale. J'avais Vi. et Marich à côté de moi. On s’inventait petits étudiants parisiens en sortie culturelle un vendredi soir. Mes yeux se fermaient déjà, il n'était que 19h. Et je luttais pour ne pas regarder mes yeux maquillés dans les miroirs. Je me suis sentie petite provinciale émerveillée devant la Joconde. Je l'avais imaginé plus petite. Alors j'ai marché de droite à gauche devant elle en fixant ses yeux. Juste pour vérifier si elle nous suivait bien du regard peu importe où l'on était. Des allers-retours. J’avançais devant la Vénus de Milo, le pas un peu casuel. Vi. et moi nous sommes rappelés de nos années de grec, des exposés sur les civilisations hellénistes, des interros qu'on révisait à peine et qu'on réussissait, de notre petit groupe de sept. Devant nos yeux, il y avait aussi tout l’art égyptien comme des diapositifs. Et puis on a avalé un repas trop salé.

***

Dans le nouvel appart tous les amis de la soeur de Marich tiennent des verres d'alcool dans les mains. Il y a des tas de tartes, de quiches et de bonbons. Les cookies en chocolat de sa soeur. Et puis on est les plus jeunes. On arrive quand d'autres partent déjà avec les derniers métros. On ne voulait pas rester longtemps. Celui qui me raconte sa vie dans tous les sens. Qui se ventent devant moi et qui croit me plaire. Pablo que je n'arrête pas de regarder. Et même si je m'en empêchais je le ferai quand même. On s'était déjà croiser chez Marich. Juste comme ça. Quand on s'engouffre sous les draps froids à 6h du matin, les paupières lourdes. J'ai son prénom sur le bord des lèvres et son numéro qui s'affiche sur le portable de Marich.

***

Deux semaines sont passées, la pellicule s'est un peu plus déroulée, le scénario s'est découpé davantage. Et le RER s'est bloqué, le film a commencé sans nous. Alors on a un peu marché dans le forum des Halles, j'ai dit que ce n'était pas de ma faute. Et puis on a bu ces cafés mousseux au chocolat blanc. On s’est raconté nos bouts de vie, les chansons qui nous endormaient la nuit, nos amis, ma Danse, sa neige. On s’est inventé un scénario comme deux rêveurs. Je ne suis pas allée en Art dramatique et je l’ai regardé tout droit dans nos yeux bleus. Il m’a tendu ses joues creuses devant l’escalator. Et il m’a lancé une petite phrase acceptable en guise d’au revoir.

 ***

Vendredi après-midi le vent ballonnait un peu frai sous ma veste kaki. Je suis sortie de la bouche du métro en baissant les yeux de peur qu’il ne soit déjà là. Et puis je me suis penchée à la rambarde des escaliers, les pieds doucement dans le vide. Il a soufflé derrière mon épaule un léger Bonjour mademoiselle. Je me suis installée au fond d’une banquette brune en mousse. Tout autour il y avait une allure de café parisien. J’ai bu trop lentement mon chocolat déjà froid. Et lui ses cafés coulaient vite fait dans sa gorge que j’aurai bien comblé. J’ai essayé de regarder sur le côté, vers les autres clients posés après leur boulot, plutôt que jeté mes regards troublés sur lui. Parce qu’il le sait et qu’il en joue même pas. On ne faisait plus vraiment connaissance de la vie de l’autre. On a parlé soirées et contraintes. Littérature et Ana Gavalda. J’ai fait un sourire crispé au serveur désagréable en poussant la porte. Et puis il m’a taquiné à la Fnac des Ternes. J’ai payé mes lectures pour les vacances. Et  on se reverra après pour s’échanger des mots d’auteur. Parce qu’aujourd’hui, je voudrais que ce soit lui qui m’attende quelque part

On va se dire que tout n'est pas perdu
De ce roman inachevé
On va se faire un conte de fée
Mais on a passé l'âge, on y croit plus
On s'est aimé comme on se quitte
Tout simplement sans penser à demain
A demain qui vient toujours un peu trop vite
Aux adieux qui quelques fois se passent un peu trop bien

[Miossec, Salut les Amoureux]

Ecrit par passionnee-par-les-reves, le Dimanche 9 Avril 2006, 15:00 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

ciorale
ciorale
09-04-06 à 15:18

Je me souviens de la Joconde et de nous courrant à grands pas. pour ne pas être trop en retard au point de rendez-vous. Même si on a été les dernières arrivées. Je me souviens de ce petit cadre et de cette foule hallucinante. je me souviens des tableaux sur lesquels je me suis arrêtée. Et qui m'ont beaucoup plu. Plus qu'elle et son sourire mystérieux. Parce que voilà.

"Je l'ai embrassé.
Sa bouche était fermée.
J'ai embrassé son sourire.
Elle a secoué la tête
et m'a repoussé gentiment.
J'aurais pu tomber à la renverse"
Parce que
Je l'aimais...


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
09-04-06 à 15:39

Re:

 Oui avec Marie on s'est dit la même chose, qu'il y avait d'autre tableau plus "beaux", tout du moins qui nous inspiraient davantage... Parce qu'Ana Gavalda, c'est aussi une de mes lectures pour ces vacances...