Que diront ceux qui nous regardent, nous aimer, nous déchirer
Tous ces manèges de l'enfance, ça nous déménage
Quand je suis là, j'y repense
A l'autre moitié de moi-même
J'aimerais tellement que tu reviennes

Où sont passées les Jolies Choses, que sont devenues nos Jolies Choses
Tous ces moments d'innocence, je t'embrassais sur la plage
Je les aimais les Jolies Choses
Entre nous deux, ces Jolies Choses
Tous ces moments d'innocence, je caressais ton visage
D'amour et d'insouciance

[BO du long métrage Les jolies choses]

Tu me manques. Et je l'ai remarqué seulement il y a quelques jours. Parce que t'as décidé de ne pas rater ta vie, de ne pas passer à côté. Alors tu as laissé comme un goût de lycée derrière nous. Tu nous as planté là avec le dernier jour de terminal. Et toi t'es partie avec le tien. Mais on ne laisse pas 10 ans d'amitié sur le bord de la route. Comme un pneu crevé. Toi c'était moi. On était nous juste en souriant. Y'a la cour de l'école primaire qui se reconstruit sous mes robes de gamines de 8 ans. Celles qui jouaient à la corde à sauter devant les maîtresses. A l'abri des regards allègres et offusqués des garçons qui tapaient dans le ballon sous le préau. Même quand il faisait beau dans nos yeux. Les vêtements qu’on avait en commun. Sans faire exprès. Y'a notre rentrée en sixième, quand on a osé nous séparé, ou pas tant que ça. Quand on s'appelait tous les soirs. Quand tu me rassurais sur les devoirs à faire pour le lendemain. Au collège, on passait nos récrés ensemble. Tes nouveaux chweengum et mes gâteaux à 10 heures. Le voyage en Angleterre. Et les autres aussi. Nos cours de latin. Et nos 20 en maths. Et on signait tout le temps Lucie & Laure. Parce que tu aimais bien ce « & ». Et puis la seconde nous a séparé juste pour un an. En première on partait ensemble au lycée. On s'inventait des samedis après-midi. J'ai toujours pensé qu'on était des opposés. Qui de nous deux serait la fille de l'air et la fille de joie? Tu as toujours plané autour de moi. Demain j'entendrai sûrement ta voix derrière un combiné après des mois sans toi. Tu seras toujours cette fille qui reste en dehors. Et moi je voudrais encore qu'on redevienne comme avant. Qu'on ait toujours des projets de soleil, de mer et de vacances toutes les deux. Qu'on joue toujours avec les mots toutes les deux à notre manière. Qu'on profite toutes les deux de Paris encore quelques années. Juste avant que les résultats du bac ne tombent pour toujours dans nos vies, c'est toi qui écoutais mes larmes tomber sur le carrelage du séjour. Et puis c'est moi qui me suis jetée dans tes bras en voyant mon nom sur la vitre et ta mention TB tout en haut de la page noircie. Et puis c'est à toi que j'ai dit "je vais enfin pouvoir Danser". Et puis c'est toi que j'aimerai pouvoir resserrer fort. Comme quand le 1 et le 8 ne s’accordaient pas sur nos visages.

Ces jolies choses des filles sans voix
Quand on y touche on brûle ses doigts
Elles sont sur moi et j'en rêve
Elles sont devant toi et t'en crêves
Mais toi, c'est moi

Leur jolies choses c'était nous deux
Tout ce qu'on a fait c'était pour eux
Alors les monstres qu'on les crève
Sous leur merde il y avait nos rêves

Je mettrai de l'or dans nos yeux
Pour qu'on ait plus jamais peur d'eux
Leur jolies choses c'est la mort
Maintenant Lucie dors

[Axelle Renoir, La fille de Joie. BO Les jolies choses]