Le cours s'est terminé. Les étirements, la choré, les sourires, le caleçon qui dépasse, le tapis qui glissent sur le sol, les chaussettes qui deviennent noires, les abdos qu'ILS n'arrivent pas à terminer. La dernière Danse, parce qu'on est motivé. Il n'y a quasiment aucun pas techniques, mais au fond. Ce matin le cours devant la caméra. Et c'est la première fois que j'ai crié "Action", que j'ai joué la réalisatrice, et j'en avais envie. Et même que je n'avais pas envie de sentir le "Coupé" au bout de mes lèvres. Ou peut-être que si. Ca y'est, mon esprit s'entrecroise avec la fatigue. Parce que ces trois derniers jours. WOW. Juste. Et les soupirs aussi.

J'ai eu un tête à tête avec le cinéma, avec les caméras, avec un spteadycam. J'ai entendu les claps de l'assistant Réa dans les oreilles et j'ai eu froid en débardeur devant les projecteurs et les calques que rendaient la lumière jaune. J'ai entendu des centaines de "Ca tourne" et j'ai même eu une maquilleuse qui frottait ses pinceaux contre mes paupières. J'ai eu ce coup de fil prévu de Rémy. Pour parler d'Estelle. Et même que. Mes yeux tremblent. Parce que "Tu sais que je suis avec N., ah non? Mais tu t'en doutais d'façon. Ok, on mange ensemble lundi soir". J'attends. Mais lui il me verra sûrement pleurer dans son dos ce soir. Crier que je ne peux pas lui dire. J'ai tellement d'images dans les yeux, de regards dans le ventre. De photos en noir et blanc avec des perches en arrière plan. Y'a le montage qu'il me tarde de découvrir. Y'a eu cette scène. Si. Dans le lit rouge et beige. Entouré de l'équipe. Y'a eu les crêpes au chocolat qu'on mangeait en permanence. Et maintenant. Je ne repousse plus le cinéma, je ne veux même plus qu'il s'en aille de mon futur. L'esprit s'ouvre. Il faut que je pose ces trois jours sur un papier sombre, que je pose ma tête contre une bande son saturée. Et que. Pus tard.