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Il n'est plus celui-là. Ma simple proie ou juste ce corps que j'avais touché. Il était devenu celui avec qui je passais les barrières du canal de l'arsenal en pleine nuit, celui que je regardais fumer des cigarettes torse nu à la fenêtre, celui contre qui j'étais plaquée aux grilles de la place des Vosges, celui avec qui je chantais les Beatles dans Bastille, celui qui m'emmenait au Trucbidul, celui qui m'avait rejoint sur les marches de l'Opéra, celui qui m'apprenait des nouveaux mots, qui me faisait des schémas comme en SVT, celui qui, celui qui celui qui. Les remoues de mon coeur sont indécents. La vie qu'on me fait mener n'est plus à ma portée. Cette envie de tout foutre en l'air se concrétise. J'ai quitté le cours de classique en pleurant. Il reste une semaine, juste une semaine, et je n'ai pas réussi à me retenir, j'ai craqué avant. Et je m'en voulais de ne pas me contrôler. Cette vielle prof qui n'y comprend rien. Tu sais que je ne supporte pas qu'on me dise que je suis irrespectueuse. Ca me met hors de moi. Je ne l'ai pas été. Mais il en aurait fallu peu pour que je fasse un long discours amphigourique sur ma vie en ce moment. Sur la manière dont elle a jugé la personne que je suis et qu'elle ne connaît pas. Une année scolaire après. De toute façon, elle n'était pas là pour ça. Elle n'est sensée évaluer que mon travail, rien d'autre. Et ça, elle ne le fait qu'à peine. Je marche seule dans les rues de la capitale sans vraiment regarder autour de moi. Je me fous complètement de ce que ressentent les gens, je me fous de leurs vies et de leurs envies. Tout me dépasse. Leurs sourires, leurs vies, la mienne, et le reste.
Par les soirs bleus d'été,j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés,fouler l'herbe menue :
Rêveur,j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue. ..
Je ne parlerai pas,je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin,bien loin,comme un bohémien,
Par la Nature, - heureux comme avec une femme.
Ma vie, à dix-huit ans, compte tout un passé. "
"Sensation", Arthur Rimbaud
* Jeudi 12 Juin 2008 : Qui a dit que Rimbaud était un con?
Commentaires :
Re:
Je sais que ces mots ne doivent pas être agréable à lire. Et pourtant je vis d'autres choses. Mais quand je me retrouve là, à écrire, il n'y a que ça qui vient. Je ne l'aime pas non plus, je ne sais pas grandir et je ne veux pas. Vieillir c'est obligé, une sorte de fatalité (oui encore une). Mais grandir vraiment non. Pour l'instant, je n'ai pas envie de m'en rendre compte, ou de me développer dans quoique ce soit. Je crois que c'est normal au fond.
Merci d'être là, encore. Tes mots sont réconfortants. C'est dit!
Re:
"je ne sais pas grandir et je ne veux pas. Vieillir c'est obligé, une sorte de fatalité (oui encore une). Mais grandir vraiment non."
N'est-ce pas manquer d'ambition que ne pas vouloir grandir ?
Re:
Peut-être que oui. Peut-être que ça peut-être interprêté comme ça si l'ambition ne se retrouve que dans le sème "adulte". Mais très franchement je ne crois pas, grandir c'est accepeer de perdre une part de l'enfance, cette jolie part liée à l'émerveillement, à l'envie d'apprendre aussi. Peut-être simplement que je me fais une fausse image de la vie d'adulte. Au fond, même si je ne veux pas grandir, mon vieillissement, mais surtout ma vie au quotidien, me fait prendre des responsabilités, celles des adultes.
Alors peut-être que je manque d'ambition. peut-être que certains le croient parce qu'ils sentent une rage de réussir encore plus forte en eux. Et pour d'autres, je suis "courageuse", et "WoW... t'as osé tenter aller au bout de ta Passion et faire deux cursus" (tu parles!). Juste que l'ambition c'est personnel, il suffit de se foutre de l'image qu'on renvoit aux autres (pas facile) et d'être en accord avec ses envies. Je crois.
aubes
Ce dont parlent tes mots, les douleurs les souvenirs, les amertumes les larmes qui tordent le ventre et la figure. Fait grandir, paraît-il. En fait je n'aime pas beaucoup ce terme, grandir. Mais ces choses-là vous développent forcément quelque part, et ce n'est pas un mal. Ca, on s'en rend compte après.
Et maintenant, trouver les sentiers.
*Rimbaud est tout sauf un con.