Je me suis réveillée au moins trois fois. Je voyais défilé le temps sur l'écran de mon portable. Quand le réveil a enfin sonné, je me suis frottée les yeux, il y avait sous mes doigts encore des morceaux de noir de la veille. J'ai posé le pied sur le dictionnaire laissé au pied du lit. L'air donnait sur le toit du Panthéon au loin. Au premier plan ULM. J'ai ouvert la fenêtre dépeinte et senti ce premier dimanche de juillet me frôler la peau encore tiède de la nuit. J'ai quitté le Vème avec beaucoup de force dans les muscles. Je semblais intouchable, imbattable. Sûre de moi. Je suis rentrée, j'avais rendue les clés du 19 m² la veille, même pas nostalgique. Aucune photo, je n'y ai rien laissé que du sommeil inconsommé. Il m'a sourit en brésilien une dernière fois, m'a tapé deux bises, j'ai bouclé ma valise le lendemain matin. Et c'était tout.
Deux mois. A passer ici. Ils me pèsent déjà. Parce que l'inanité des discussions avec les parents. Cette impression d'avoir quinze ans, d’être incomprise, en pleine crise d'adolescence. Et pourtant je ne peux plus jouer à l'irresponsable. Cette période de ma vie, je m'en convainc, est résolue. Parce que des vacances qui n'en seront pas. J’ai rendue mes pouvoirs comme je rendrais les armes. Baisser la garde. Je suis fatiguée, j’enlève mon costume de Super Lucie. Mes supers pouvoirs s’essoufflent, celui de dédoubler le temps, celui de m’acharner au travail, celui de vivre complexement. Il y aura les enfants, les chants, les frappes dans les mains, et le spectacle de fin de centre. Il y aura la chaise à roulette derrière un bureau, à décrocher le téléphone. Parce qu'il y aura lui et pas beaucoup d'autres pour réceptionner. Le vide autour de moi, autour de cette ville. Je suis à deux doigts de sauté dedans. J'ai faim de bonheur. De ce bonheur qui rend simplement heureux, sans virgule, sans parenthèse, sans proposition subordonnée alourdissante. Une simplicité innocente. Juste ça.
Commentaires :
inconsciente
qu'est-ce que tu écris bien !
:)