Lundi 16 juin 2008. J'ai pensé à sa soeur ce matin. Elle a presque le même prénom que moi. Ce serait sans doute facile de réfléchir ici sur les sujets qui sont tombés. Chaque année depuis le mien de Bac je fais ça. Je cherche les sujets. Et je sais tout de suite lesquels j'aurais pris. Pendant 4h. L'art transforme-t-il notre conscience du réel ? Indéniablement. Faible argumentation mais quand même. Pourquoi ne sais-je pas prendre de décision quand il s'agit de moi, de mon avenir, de mes examens, de mes erreurs? Et pourquoi quand il s'agit des autres tout est toujour plus facile. Au fond peut-être qu'on ne se connait pas. Que je ne me connais pas, ou trop. Je ne sais plus. Pourquoi tout est toujours compliqué avec moi? Même le choix d'un café. Peut-on désirer sans souffrir ? Si ce n'est pas de la Passion, pourquoi pas. Mais le désir, ça vient d'où? De l'amour, du corps, de la Passion? Pourquoi est-ce que je perçois en priorité les petits détails. Dans les variations en cours, chez les autres, leurs réactions, et pourquoi je ne saisis pas les grandes lignes - jamais? C'était il y a trois ans. Et mille choses ont changé. Et je m'étais promis d'écrire ici si ça marchait. Mon nom était en haut de la liste. Jolie récompense. Pourtant parfois je me demande ce que ça m'apporte. Raconter quelques bouts de ma vie. Les plus importants sans doute. Les plus tristes. Parce que le bonheur c'est moins facile à raconter, moins libérateur. C'est vrai que je n'ai rien dit sur la rencontre avec Florian Zeller, ses dents bien blanches bien alignées, ses cheveux blonds ébouriffés et sa gentillesse, je n'ai rien dit sur le tournage en avril, sur mes mains timides au bord du piano qui revivaient en accord avec la mélodie. Parce que j'avais enfin osé recommencer. Et j'avais ressenti une grosse respiration dans mon ventre. Je n'ai jeté aucune image sur cette fin d'après midi à boire du thé à la menthe à la Mosquée avec la prof de 19ème, les autres et les Américaines. Et peut-être même que je n'aurai pas raconté l'examen de vendredi quand les applaudissements étaient les plus longs de tous, que je me suis rassise avant de baisser la tête modestement. J'avais monté ça en deux heures à peine. Et c'était bon putin de jouer un texte, de le Danser aussi, de sentir la solitude en moi et une putain de colère sincère. C'était bon d'accrocher les yeux des profs, de les surprendre peut-être aussi et j'ai même senti de l'estime dans leurs regards et ceux des élèves. Peut-être qu'ici je cherche à réunir les pièces manquantes. Pas seulement pour les dossiers mais dans ma vie aussi. Et puis je n'aime pas le blé.
Commentaires :
Re:
Merci. Parce que quand j'ai relu, le lendemain, je me suis dit que cette dernière phrase, vraiment, était inutile. Je n'ai aps dit pourquoi le blé. Le blé me rappelle la mort, tout ça.
Mais grâce à ton petit Prince, il a une autre dimension ce blé maintenant.
aubes
( "Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleurs d'or. Alors, ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé..."
[...]
Ainsi, le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche:
"Ah! dit le renard... je pleurerai.
- C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
- Bien sûr, dit le renard.
- Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
- Bien sûr, dit le renard.
- Alors tu n'y gagnes rien!
- J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé."
Ton dernier mot a rappelé ça. )