Scénario imparfait. Il m'a tendu la main. "C'est à ce moment-là que tu aurais dû la prendre".

Je n'aime pas les scénarii trop bien réglés, sans surprise. Soit je suis le paradoxe, soit c'est ma vie toute entière. M’échapper de cet appart, souffler du nouvel air. J'avance droit vers le canal, encore 15 secondes et je n'ai toujours pas décidé si j'allais sauter ou m'arrêter au bord du vide. A ce même moment, la chanson qui résonnait ce matin encore dans la télévision et il y a quatre semaines dans sa voiture. Cette putain de chanson qui me dit qu’il faut pas qu'on s'attache. Trop tard.

Ce n'est pas lui qui m'a pris la bouche hier soir. Si maladroitement, je n' savais pas comment le repousser. Ces quelques baisers tiraient sur l'éternité. Y'a la vie qui passe sous mes yeux fatigués. Les voitures rouges, vertes, blanches et grises, le petit garçon en short et le ballon jaune en plastique, les pigeons qui volent de partout, et le vent froid dans mon dos, mon cou, sur mes coudes. Le reste n'a pas d'importance.

Je n'arrive pas à faire longtemps semblant. Ça y est, les larmes ont floué mes yeux et ce connard de pigeon plane jusqu'à mon banc bleu. J'ai peur des pigeons. Et puis on se dit au revoir, ses lèvres sont encore contre les miennes. Depuis quelques minutes déjà l'image d'Hugues refroidit mes pensées. Je n' sais plus ce que je fais avec lui, ça a à peine commencé. Tous ces petits défauts prennent la surface: son K-way bleu, son profil, ses baskets lacées, sa façon de marcher, sa bouche quand il parle. Et sa main qui sert trop fort la mienne. J'avais l’impression d'exploser dans un trop plein d'affection. Je sens déjà qu'une partie de ma liberté s'est barrée en voulant jouer au nouveau petit couple de Paris. J'étouffe. Et pourtant j'essaie. Mais je n'y arriverai pas je crois sans en avoir envie. Je n'arriverai pas à faire longtemps semblant.

                                                                                                                         Samedi 19 ami 2007